Justice internationale : « Quitter la CPI serait une marque de honte pour les dirigeants africains », estime Kofi Annan

09-10-2013 11:26

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Pour l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, ce serait « une marque de honte » pour l'Afrique si ses dirigeants votaient pour que leurs pays quittent la Cour pénale internationale (CPI)

Dans un discours prononcé à l'occasion du 82e anniversaire de l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, au Cap (Afrique du Sud), Kofi  Annan a mis en garde les « quelques dirigeants qui résistent et qui combattent [la CPI] »  contre l’éventualité d’un tel vote.

« S’ils combattent la CPI, s’ils votent contre la CPI, ce sera une marque de honte pour chacun d’entre eux et pour leur pays », a-t-il affirmé, rejetant les accusations de certains dirigeants selon lesquelles la CPI est de parti pris et se focalise sur l’Afrique. Selon lui, « ce sont la culture de l’impunité et les individus qui sont jugés par la CPI, pas l’Afrique. »

La CPI est très contestée par l’Union africaine (UA), qui doit examiner ses relations avec la cour lors d’un sommet spécial qui se tiendra du 11 au 12 octobre. L’UA accuse l'instance judiciaire internationale de ne s’en prendre qu’à des dirigeants africains. « Je sais que ce n’est pas le cas », a affirmé l’ancien secrétaire général de l’ONU, qui s’est dit « inquiet » de ces attaques.

L’UA a lancé ce sommet à la suite de plusieurs procédures contre les dirigeants africains, notamment la condamnation à cinquante ans de prison de l’ancien président libérien Charles Taylor pour crimes contre l’humanité ; le procès, qui aura lieu en novembre, pour les mêmes motifs, contre le président kenyan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto ; celui contre l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, en cours à La Haye.

Kofi Annan a rappelé que quatre des dossiers jugés par la CPI ont été ouverts à la demande de dirigeants africains, tandis que deux autres – sur le Darfour et la Libye – l’ont été à la demande du Conseil de sécurité des Nations unies.

L’UA a demandé que cessent les procédures pour crimes contre l’humanité à l’encontre des dirigeants du Kenya, dont les députés ont récemment voté une motion réclamant le retrait du pays de la juridiction de la cour.

« En dépit de l’extraordinaire richesse en ressources naturelles de l’Afrique, la mauvaise gouvernance et le manque de transparence ont trop souvent mené à la corruption, à l’exploitation et aux ravages environnementaux », a déploré Kofi Annan.

Noël Ndong