Russie : des prix Nobels de la paix interpellent Vladimir Poutine au sujet des 30 membres de l’Arctique

Jeudi 17 Octobre 2013 - 15:55

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Ces personnalités appellent le président russe à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les charges disproportionnées retenues contre les détenus soient abandonnées et qu’ils soient traités dans le respect de la législation russe et du droit international.

Onze lauréats du prix Nobel de la paix, dont l’archevêque Desmond Tutu, ont écrit une lettre commune au président russe, Vladimir Poutine, pour témoigner leur soutien aux membres de l’équipage de l’Arctic Sunrise. Les vingt-huit militants de Greenpeace International, un photographe et un caméraman freelance sont actuellement détenus à Mourmansk et inculpés de piraterie.

Dans cette lettre, les lauréats de la prestigieuse récompense appellent le président Poutine à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les charges disproportionnées retenues contre les trente membres d’équipage soient abandonnées et qu’ils soient traités dans le respect de la législation russe et du droit international.

Décrivant l’Arctique comme un « trésor précieux pour l’humanité », les signataires soutiennent les efforts réalisés pour protéger le pôle nord contre la voracité de l'industrie pétrolière et les dérèglements climatiques. « L’exploitation du pétrole de l’Arctique est une entreprise dangereuse et à haut risque. Une marée noire dans ces eaux gelées aurait des conséquences catastrophiques pour cette région dont la beauté unique a jusqu’ici été préservée », ont-ils écrit dans la lettre.

Pour ces personnalités, en effet, les répercussions à long terme pour les populations qui habitent la région ainsi que pour des espèces déjà vulnérables, seraient désastreuses. « Le risque d’une telle catastrophe est omniprésent, et l’industrie pétrolière n’y est pas suffisamment préparée. Il faut également considérer l’impact de l’exploitation du pétrole de l’Arctique sur le climat. Que ce soit dans l’Arctique ou sur le reste de la planète, les changements climatiques sont une menace pour l’humanité toute entière. Cependant, ce sont les plus vulnérables qui paient le prix de l’incapacité à agir des pays industrialisés », ont-elles avisé.

On rappelle que les vingt-huit militants Greenpeace et les deux journalistes qui les accompagnaient à bord de l’Arctic Sunrise ont été arrêtés après avoir mené, le 18 septembre, une action pacifique contre la plate-forme pétrolière Prirazlomnaya. Ils ont été inculpés de piraterie et encourent jusqu’à quinze ans de prison. Ils sont actuellement détenus à Mourmansk, dans le nord de la Russie.

Le président Poutine a lui-même  reconnu que les trente membres n’étaient « manifestement pas des pirates ».

Une campagne menée à travers le monde

La campagne pour leur libération est soutenue par plus d’un million de personnes à travers le monde. À l’occasion d’une journée internationale de soutien, deux cent cinquante manifestations se sont tenues dans quarante neuf pays différents. Par ailleurs, la Fédération internationale des journalistes et la Fédération européenne des journalistes ont exigé la libération des deux reporters freelance qui figurent parmi les détenus.

Parmi les signataires de la lettre, il y a l’archevêque Desmond Tutu (Afrique du Sud), Betty Williams, militante pour la paix en Irlande du Nord, Oscar Arias Sánchez, ancien président du Costa Rica, Jody Williams, militante pour la paix aux États-Unis, Leymah Gbowee, militante pour la paix au Libéria, Tawakkol Karman, militante pour la paix au Yémen, Rigoberta Menchu Tum, militante pour les droits des peuples autochtones au Guatemala, Mairead Maguire, militante pour la paix en Irlande du Nord, Shirin Ebadi, avocate et ancienne juge iranienne, José Ramos-Horta, ancien président du Timor Leste ainsi qu’Adolfo Pérez Esquivel, artiste et défenseur des droits humains en Argentine.

Lucien Dianzenza