Distinction : un tam-tam à Édo Nganga pour ses 80 ans d’âge

Lundi 11 Novembre 2013 - 18:45

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Le président médiateur d’Afric’ambiance a tenu à honorer à sa manière ce grand baobab de la musique congolaise en lui offrant ce présent d’une valeur symbolique inestimable.  

En traversant le fleuve Congo pour gagner Brazzaville, le 3 novembre 2013, Me Kalala Muena (ci-devant président médiateur d’Afric’ambiance), avait une idée derrière la tête : faire la surprise à son aîné, Édo Nganga qui venait de totaliser ses quatre-vingt ans sur la terre des hommes. Accompagné de sa chère épouse, cet avocat doublé de mécène reste attaché à ce grand baobab de la musique congolaise dont il tenait à honorer les soixante ans de carrière musicale à sa manière. Dans sa gibecière, un petit tam-tam bien emballé faisant office de cadeau. Une note de l’administration urbaine confirmant la perception de la taxe y afférente aura attesté la sortie de cet objet d’art.   

L’effet attendu était bien au rendez-vous. Alors que les Bantous de la capitale livraient en toute quiétude leur concert habituel dans leur fief de Bacongo sur l’avenue « Trois francs », la présence inattendue de l’avocat sur les lieux bouscula, du coup, l’agenda de la soirée. La fête prit un autre tempo. Me Kalala, moulé dans un abacost estampillé de l’effigie de Maman Mouébara, mère du président Denis Sassou N'Guesso, avait bien ficelé son scénario.

Annoncé par l’animateur de la soirée pour remettre son cadeau qu’il déroula devant une assistance visiblement égayée, le président médiateur d’Afric’ambiance eut des mots élogieux à l’endroit de l’artiste octogénaire. Il rappelle que le petit tam-tam qu’il donne en cadeau décorait, jusqu’il y a peu, l’entrée de son salon huppé à Kinshasa. Gardé jalousement depuis des lustres, cet objet d’ornement prit une autre connotation à la faveur de cette soirée exceptionnelle qui confirma, une fois encore, la complicité culturelle qui rythme la vie musicale entre les deux rives. Il rappelle également comment les Bantous de la capitale avaient, dans les années soixante,  sauvé les meubles en prestant au mariage de Grand Kallé au lendemain du départ de Tabu ley, Niko Kassanda et autres. Abandonné par les siens, Kabasele Tshamala dut se rabattre sur les Bantous alors de passage à Kinshasa afin de combler le vide laissé par ses musiciens à la veille de sa noce.

Les Bantous des capitales !

L’invité-surprise avait estimé à juste titre que ce fait historique méritait d’être évoqué afin de sceller davantage la concorde entre Kinshasa et Brazzaville, les deux capitale dont « Les Bantous de la capitale » assurent désormais le trait d’union. « À dater de ce jour, sachez que vous êtes débaptisés pour devenir Les Bantous des capitales », a-t-il déclaré sous un flot d’applaudissements. Les Bantous des capitales ? La proposition a été accueillie avec satisfaction par le président de l’orchestre, Dieudonné Loussakou, qui y voit plutôt la reconnaissance des mérites artistiques de son groupe et l’expression de sa vocation panafricaine. Débordé d’émotion et marqué par ce geste de sollicitude, Édo Nganga n’a eu que des mots de remerciement à l’endroit de son jeune frère venu de la RDC.

Il saisira l’occasion pour rappeler à la mémoire collective que les sons en liminaire qu’on entend dans la chanson « Parafifi » dans sa version originale ont été produits par lui-même. Batteur improvisé devenu chanteur émérite dans African jazz, OK Jazz et les Bantous de la capitale, c’est dire que les 60 ans de carrière musicale d’Édo Nganga ne désemplissent pas en faits anecdotiques. Avant de rentrer à Kinshasa, Me Kalala et son épouse sont allés apporter leur réconfort à un autre virtuose de la musique congolaise, Célestin Kouka, éploré à la suite du décès de son fils. Rideaux !    

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Edo Nganga, Lutumba Simaro et Michel Boybanda