Opinion

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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1998 (43) suite du précédent numéro

Jeudi 3 Novembre 2016 - 14:27

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Faire la politique autrement, débité avec un air de componction, relève plus de la posture que d’autre chose. Faire la politique autrement suppose un véritable brainstorming que le Congolais, au regard de l’histoire récente, n’est pas en mesure de faire. Comment s’en étonner, si au sortir de la Conférence nationale souveraine, moment de rupture proclamée, on est tombé de charybde en scylla. Et, depuis, pas de véritable changement. Bien au contraire, la guerre avec son lot de déviations a profondément raviné les mœurs. Tel est l’état du Congo en 1998. Le confort douillet des prébendes et des sinécures de la République a fait le reste. La République fout le camp. À l’issue du conseil des ministres du 3 juillet 1998, le président de la République a exprimé son ras-le-bol face à l’incurie du gouvernement dont le rendement « n’est pas à la hauteur des attentes et de l’espoir du peuple » sic. Cette admonestation résonne encore en 2016 par son actualité. Le royaume téké est en deuil. Le roi Mialami Wawa est décédé. Il aura eu le règne le plus court.

Pendant ce temps, les partis politiques reprennent progressivement leurs activités. Le RDD, sous la houlette de Saturnin Okabé, son secrétaire général, le MCDDI, sous la conduite de Michel Mampouya, essaient d’occuper le terrain laissé vacant par les autres partis en déconfiture, depuis la fin de la guerre du 5 juin. Parmi les journalistes qui accompagnaient Michel Mampouya dans sa tournée dans la région du Pool, Fabien-Fortuné Bitoumbou. Il est tué à bout portant par les anciens miliciens ninjas, en représailles à l’exécution de leurs anciens collègues, accusés de braquage. Un officier de police, le capitaine Nkouka, est abattu au même moment. Le président du MCDDI (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral), ministre des Mines et de l’Industrie, était de passage à Mindouli pour se rendre dans les pays de Mpangala dans le cadre des contacts avec les militants de son parti. Dans son n°2176 du 17 septembre 1998, La Semaine Africaine annonce que les ordinateurs de l’hebdomadaire La Rue Meurt ont été emportés par des hommes en armes. Ce journal est réputé pour ses critiques acerbes contre le gouvernement. En cette année 1998, décès brutal, à Abidjan, de Mamhy Claudia, vendredi 20 novembre, des suites d’une hémorragie cérébrale. De son vrai nom, Nzonzi Mathurine, Mamhy Klaudia est née en juin 1957, à Brazzaville. Son premier album «O kana ngai», en 1985, l’a immédiatement placée sous les sunlights. Au Congo, la mort continue de faucher des vies. Quelques membres du comité de médiation sont ainsi passés de vie à trépas. Le comité de médiation, composé des membres du conseil œcuménique des églises chrétiennes du Congo, a pour but, entre autres, de nouer les contacts avec les notables, chefs de villages, responsables locaux et comités de crise des différentes localités du Pool. Leur convoi a été attaqué par les ninjas. Parmi les tués, le Pasteur Fidèle Loubelo, le major Eugène Nsingani, René Zacharie Kinzonzi, Emile Mabiala, Alphonse Bidié et Mamangou, un notable. Le père Diafouka a pu se sauver. C’est dans ce contexte confus que, le 18 décembre 1998, les forces armées congolaises investissent les arrondissements 1 et 2 de Brazzaville, pour traquer des cibles multiples (ninjas de Kolélas et nsiloulous du pasteur Ntoumi) confondues et éparpillées dans la population. Depuis la fin de la Conférence nationale, le Pool est une épine plantée dans le pied du Congo. Entre une opposition obtuse, incapable de taire ses rancœurs face à cette situation préoccupante, et les « originaires » du Pool qui souffrent d’un évident déficit de crédibilité dans leur fief, le pouvoir est sur le fil du rasoir, comme l’ont encore montré les discussions lors de la récente interpellation du gouvernement par l’Assemblée nationale. Ce débat, marqué par une absence de dignité des intervenants devant la tragédie que vivent les populations du Pool, en particulier, et l’ensemble de la population congolaise, en général, victime collatérale d’un obscurantisme résurgent, n’honore pas la représentation nationale, en déficit patent de sérénité. Comment en finir définitivement avec Ntoumi et son irrédentisme tribal? C’est la grande question. Ainsi va la vie au Congo.

 

 

MFUMU

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