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De Paris à Banjul...

Samedi 3 Décembre 2016 - 15:15

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Deux événements majeurs ont dominé l’actualité politique en France et en Afrique le week-end dernier. Le premier est le désistement volontaire du président François Hollande à se représenter à l’élection de l’année prochaine pour un ultime mandat ; le second, la défaite du président sortant de Gambie, Yahya Jammeh, lors du scrutin du 1er décembre. Dans les deux cas, comme dans bien d’autres qui marqueront cette année 2016 finissante, que d’analyses erronées de la part de « spécialistes » qui occupent à satiété l’arène des médias du monde !

En France, avant même qu’il ne « capitule », ironisent certains, ou ne « fasse preuve de lucidité » jugent d’autres en commentant sa décision, François Hollande était sous pression : des résultats répétés d’instituts de sondage qui le donnaient au bas de l’échelle et donc politiquement mort, aux défections dans son propre camp ; des attentats terroristes dont son pays était confronté à l’accomplissement de sa lourde mission de chef de l’Etat, l’homme de la célèbre formule « Moi, président de la République », qui l’emporta, en 2012, contre son concurrent Nicolas Sarkozy, n’a pas eu beaucoup de faveur.

Pourtant l’un des paris que François Hollande s’était donné pour justifier ou non sa candidature en 2017 était la baisse du chômage. La légère amélioration des chiffres sur ce front de l’emploi toujours aussi fluctuant, n’a visiblement pas résisté à la lutte pour le leadership dans sa famille politique. Jusqu’à la dernière minute, il a gardé le secret pour soi, observant sans doute en bon animal politique comment autour de lui, certains de ses plus proches compagnons, s’ils ne l’avaient pas abandonné tôt, dissimulaient à peine leur désir de le voir quitter la scène. Le voilà donc qui leur laisse le champ libre pour concourir, mais pas encore un boulevard pour le remplacer à l’Elysée tant le contexte reste incertain pour les candidats en lice.  

Pour ce qui est de la tournure prise par les événements en Gambie, soulignons là également les commentaires alarmistes sur le fait que ce pays ne pouvait pas connaître une alternance apaisée. C’est bien le contraire qui est en train de se produire si ce n’est pas déjà le cas. Après, en effet, 22 ans de pouvoir, le président Yahya Jammeh a été battu à la régulière par son opposant Adama Barrow. Il a aussitôt appelé ce dernier pour lui souhaiter bonne chance. A moins de redouter un incroyable retournement de situation, la preuve est donnée que l’Afrique est parfois diabolisée par procuration.

Retenons donc que sur le continent africain, les alternances il s’en produit et s’en produira régulièrement et chacune en son temps. La meilleure façon de les pérenniser est de réussir les transitions qui leur succèdent. Ceci pour dire que le nouveau président élu de Gambie, Adama Barrow hérite d’une situation complexe. A l’annonce de sa brillante victoire, ses compatriotes ont exulté, les uns saluant comme lui-même l’avènement d’une nouvelle Gambie, les autres appelant à « réparer les torts » du régime qui s’en va. A lui de savoir se mettre au-dessus de la mêlée, de faire en sorte que les 36% de ses compatriotes qui ont voté pour Yahya Jammeh ne soient pas une charge mais plutôt un bénéfice pour son régime qui s’installe.

Au final, malgré les guerres qui continuent de ravager plusieurs pays, l’année 2016 est toute en surprises ici et ailleurs. En même temps, les leaders d’opinion qui ont pris le pouvoir à travers les puissants moyens de communication de masse devraient apprendre à mettre un peu d’eau dans leur vin par trop relevé. Car ils ne savent pas toujours de quoi demain sera fait.

Gankama N'Siah

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