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RDC: équation Primature

Samedi 7 Janvier 2017 - 13:45

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S’il est une question qui ajoute à la complexité de la situation en République démocratique du Congo, au moment même où ce pays doit entrer dans une période de transition, elle porte sur l’agencement des institutions préconisées dans ce cadre exceptionnel. La plus en vue d’entre elles, peut-être, la plus disputée après tous les arbitrages liés aux postes à occuper, est évidemment la primature détenue actuellement par Samy Badibanga.

A priori, le président de la République, Joseph Kabila, dont le second mandat à la tête de son pays a pris fin, constitutionnellement, le 19 décembre dernier, est épargné par cette controverse. A la suite des accords conclus, le 31 décembre, avec la bénédiction des évêques de Kinshasa, entre le pouvoir et l’aile radicale de l’opposition de RDC incarnée par le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, le chef de l’Etat poursuivra sa mission jusqu’à l’élection de son futur successeur à la fin de cette année.

Dans les faits, cet aboutissement est proche de celui que proposait le premier arrangement politique trouvé le 18 octobre, par les parties réunies sous l’égide du médiateur, Edem Kodjo, à la cité de l’Union africaine. A la seule différence que l’accord de la Cité de l’Union africaine fixait la fin de la transition en avril 2018. Une préconisation rejetée par le Rassemblement qui a pu obtenir gain de cause dans le second accord.  

Maintenant que les échéances sont avancées de quatre mois, les institutions de transition devront s’assurer de réunir toutes les conditions financières et matérielles afin que les élections soient organisées dans les délais. Encore faudrait-il qu’elles s’installent et commencent à travailler. Ce qui ne semble pas le cas jusqu’à présent au regard du conflit qu’engendre l’attribution du poste de la primature. Nommé par Joseph Kabila, le 17 novembre, Samy Badibanga que l’on dit pragmatique avait ensuite présenté la politique générale de son cabinet et reçu l’appui des députés.  

A peine le nouveau Premier ministre devait-il commencer le travail qu’est survenu le compromis du 31 décembre qui ne pourrait produire ses effets sans défaire les arrangements précédents. Devant les revendications du Rassemblement de l’opposition qui veut et la primature et la présidence du conseil national de transition, futur parlement d’exception de cette période politique, le scénario en vue semble celui de la remise à plat de toutes les attributions ministérielles en place.

Pour Samy Badibanga et la septantaine de ses ministres, l’inconfort ne tient pas nécessairement à la perte probable, pour certains d’entre eux, de leurs strapontins. Il tient à la frustration du temps mis à la fonction, à la façon dont des hommes et des femmes, sans doute pleins de volonté, vont devoir être remerciés avant d'avoir exercé. Ils ont exprimé leur désapprobation de la démarche de les évincer aux évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo venus les rencontrer le 6 janvier à Kinshasa.

Et comme la politique sait parfois se jouer d’elle-même, on voit s’amonceler des nuages dans le ciel de Rd-Congo. Ce ciel qui semblait dégagé, le 31 décembre, lorsque les négociateurs religieux empruntaient à la cuisine interne de la désignation du pape à Rome, l’expression de « fumée blanche » pour annoncer la bonne nouvelle de la Saint-Sylvestre.

Une nouvelle surenchère est née, qui voit chacun des acteurs tirer la couverture à soi, en s’appuyant quand cela l’arrange sur trois actes juridiques qui paraissent tous faire foi : la Constitution, l’accord du 18 octobre, et celui du 31 décembre 2016. Beaucoup trop pour ne pas entretenir le flou et retarder la sortie de crise.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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