Gambie : l’incertitude règne dans le pays

Mercredi 18 Janvier 2017 - 11:15

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Des analystes de la situation dans ce pays estiment que l’option militaire est irréversible puisque le président sortant, Yahya Jammeh, continue de durcir sa position pour se maintenir au pouvoir.

De plus en plus isolé et soumis à des pressions internationales croissantes, ce chef de l’Etat a proclamé le mardi 17 décembre, l’état d’urgence, invoquant l’ingérence étrangère avant l’investiture de son successeur élu Adama Barrow.

Ce durcissement du président sortant est intervenu alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continuait jusqu’à mercredi de privilégier l’option diplomatique pour le convaincre de quitter le pouvoir le même jour de la fin officielle de son mandat. Yahya Jammeh n’entendait pas revenir à la raison comme en témoignent les derniers développements de la situation dans son pays marqués par la fuite des habitants de la capitale, d’autres villes et villages.

Malgré son entêtement, le porte-parole de la coalition Gambie 2016 qui a porté Barrow au pouvoir, a déclaré que ce dernier sera investi jeudi quoi qu’il arrive. Il le sera même si le président de la Cour suprême gambienne, Emmanuel Fagbenle, s’est récusé lundi de l’examen du recours porté devant cette juridiction par le président sortant contre l’investiture de son successeur élu, Adama Barrow, prévue le 19 janvier, a-t-il ajouté.

Réagissant à l’état d’urgence décrété par le pouvoir, le département d’Etat américain a exhorté le président gambien sortant de passer la main à son successeur et d’éviter que la Gambie ne sombre dans le chaos.

« Le président Jammeh rate l’occasion de respecter la parole du peuple gambien et celle d’une passation de pouvoir pacifique censée se dérouler jeudi avec le président élu », a condamné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, interrogé sur l’instauration de l’état d’urgence par le chef de l’Etat sortant.

A Banjul, la capitale gambienne, trois ministres du gouvernement de Yahya Jammeh ont démissionné mardi. Il s’agit du ministre des Affaires étrangères, des Finances et de celui du commerce, mais ils ont été immédiatement remplacés par le président Yahya Jammeh.

En attendant ce qui sera décidé après la date théorique mentionnée supra d’investiture du président élu, le Maroc pourrait, comme le Nigéria l' a fait précédemment, proposer l’asile au perdant de l’élection présidentielle en Gambie avec une médiation de la dernière chance. A ce sujet, deux ministres marocains se trouvent déjà à Banjul où ils essayaient jusqu’à mercredi de convaincre Yahya Jammeh de poursuivre sa retraite au Maroc. Il s’agit notamment de Nasser Bourita, diplomate des missions sensibles et Yassine Mansouri, le chef des services secrets extérieurs. Ces émissaires du roi Mohammed VI tentaient aussi de le persuader à céder le pouvoir et d’accepter la défaite.

La Gambie est plongée dans une grave crise depuis que Yahya Jammeh a annoncé le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait plus les résultats de la présidentielle. Une semaine auparavant, il avait pourtant félicité Adama Barrow pour sa victoire.

La communauté internationale, dont la Maison Blanche, avait salué la décision du président sortant, au pouvoir depuis 22 ans, de reconnaître la victoire de son successeur, avant de condamner sa volte-face.

 

 

Nestor N'Gampoula

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