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A la décharge d'Etienne Tshisekedi

Samedi 4 Février 2017 - 11:28

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Avec le décès, le 1er février, d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba s’achève l’histoire d’un combat politique à la limite personnifié, mené pendant quatre-cinq longues années par celui qu’on appelait aussi à Kinshasa, le sphinx de Limete, son quartier de résidence dans la bruyante capitale de la République démocratique du Congo. Ce combat il l’avait engagé dans le courant des années 1980, après s’être brouillé avec le président Mobutu, dont il fut ministre à partir de 1960-1961.

Avec des amis, il crée l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social) en 1982, bravant les interdits en quelque sorte, puisque le Zaïre (appellation de la République démocratique du Congo à l’époque), en régime monolithique, est sous la coupe du seul Mouvement populaire de la Révolution. Une formation politique qu’il fonde avec Mobutu et bien d’autres dirigeants en 1965.

Durant ses années d’opposition aux gouvernements qui se succèdent en RDC, Etienne Tshisekedi est réputé intraitable. On se rappelle son élection spectaculaire comme Premier ministre en 1992, pendant la Conférence nationale souveraine, poste auquel il fut nommé presque pour 48 heures (29 septembre-1er novembre 1991) par le Maréchal Mobutu avec qui il n’avait pas pu s’accorder ensuite. Il revient à la même place au moment où la santé du chef de l’Etat se détériore. Ce sera pour une semaine (2-9 avril 1997).

Dans sa propre arrière-cour, le sphinx de Limete est déroutant : difficile de la suivre en ligne droite d’autant qu’il a fait du rejet de ce qui ne lui convient pas, ou ne lui plaît pas, la principale marque de fabrique de son action politique. Tour à tour, bien qu’ils font partie avec lui de l’Union sacrée de l’opposition radicale (Usor) ses amis choisissent de le laisser à son originalité inimitable : Kibassa Maliba, Faustin Birindwa, et d’autres encore composent avec le régime de Mobutu au moment des grandes incertitudes des années 1990 à 1997.

Etienne Tshisekedi ne rentre pas dans les rangs quand l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) à la tête de laquelle se trouve Laurent Désiré Kabila accède au pouvoir en 1997. Il ne prend pas son ticket pour occuper un poste de vice-président dans le régime qui se met en place en 2003, au terme des accords signés à San City (Afrique du Sud) par les partisans du président Joseph Kabila (il succède à son père en 2001), et les principaux représentants des rébellions qui sévissent alors en RDC.

Non, non, et non, Etienne Tshisekedi avait beau être de caractère inflexible, il a aussi dit non à la lutte armée. Toujours privilégier le dialogue, et même préférer l’échec, voilà à peu-près ce qu’il convient de porter au crédit du président de l’Udps. Il quitte la terre des hommes au moment où son pays peine à enfanter le bébé que tous les dirigeants attendent comme le messie ; ce compromis qui permettra la sortie de crise. A ses héritiers et mêmes ses détracteurs de savoir retirer de son charisme le suc nécessaire à la survie en RDC d’une ligne politique fondée sur le refus de la violence armée. A Dieu de lui pardonner ses erreurs !

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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