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Gouvernance des projets : vers le pacte national du Développement Economique Accéléré ?

Jeudi 16 Février 2017 - 13:29

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La désindustrialisation progressive de l’économie congolaise au profit des mines ralentit la marche du pays vers l’Emergence, alors que les potentialités offertes par le développement des infrastructures de base de la Municipalisation Accélérée sont faiblement coordonnées avec les projets de Diversification Economique et des Zones Economiques Spéciales, nécessitant un pacte national de gouvernance des projets du Développement Economique Accéléré.

I- Du poids du pétrole dans l’économie : Dans les années 1960-70, les services représentaient en moyenne 50% du Produit intérieur brut (PIB) congolais, l'industrie 30%, l’agriculture15%, la forêt 4% et les industries extractives 1%. Depuis 1970, les industries extractives avec le pétrole représentent 58,6% du PIB, les services 20,5%, le BTP 8,3%, l’industrie 4,9%, l’agriculture 3,3% et la forêt 1,4%. De moins d’un million de barils dans les années 60, la production pétrolière a dépassé les 100 millions de barils en 2000 pour chuter à 85 millions depuis 2015. Les recettes pétrolières qui représentent plus de 75% des recettes totales de l’Etat ont baissé de 65% entre 2014-2016, à cause de la chute du prix du baril de pétrole de 125 en 2014 à moins de 35 $ en 2016. Les réserves pétrolières s’épuisent en passant de 1,6 milliard de barils en 2011 à 0,5 milliard en 2019.

II- À la faible synergie des projets de diversification : Le Projet d’appui institutionnel pour l’amélioration du Climat des Affaires et la Diversification Economique de 2010-2015 valant plus de 5,135 milliards FCFA, financé à part égale par la BAD et l’Etat congolais, a réalisé des études qui s'insèrent timidement dans les deux grands projets économiques structurants:

- la Municipalisation Accélérée, développée entre 2004 et 2016 et inspirée des modèles de la Côte d’Ivoire et du Gabon, est un programme tournant d’aménagement du territoire par département. D’un coût de plus de 1.000 milliards FCFA, elle a développé et modernisé les infrastructures de base départementales pour une dépense globale de 3.248 milliards FCFA dont 2,16% au Kouilou, 3,08% à la Likouala, 2,49% au Niari, 9,24% à la Cuvette, 3,94% à Brazzaville, 9,24% à la Cuvette Ouest, 16,35% au Pool, 13,49% aux Plateaux, 13,85% pour la Lékoumou, 12,32% à la Sangha et 13,85% à la Bouenza. Faute d’activités économiques qui les valorisent, ces équipements risquent de se transformer en « éléphants blancs»;

- les Zones Economiques Spéciales (ZES) sont des espaces de développement prioritaire ou zones franches interdépartementales, lancées depuis octobre 2010 pour attirer les investisseurs, moyennant des exonérations fiscales, douanières, sociales et des subventions. Quatre zones inspirées du modèle chinois couvrent inégalement le territoire: - la zone de Ouesso de 64.520 ha, dédiée aux industries du bois et à l’agriculture, avec une contribution au PIB estimée à 1.050 millions $ en 2030; - la zone d’Oyo-Ollombo de 760.318 ha génère 120.000 emplois et 1,528 milliard $ de PIB d’ici 2032, grâce à l’exploitation des activités agro-industrielles, de sylviculture, d’aquaculture, d’une chaîne de froid, d’horticulture, d’apiculture et d’autres; - la zone de Brazzaville de 164.100 ha, spécialisée dans la logistique, les matériaux de construction, les cultures de manioc et de canne à sucre pour la production des biocarburants.  Elle développera 64.000 emplois et 2,4 milliards $ de PIB d’ici 2030; - la zone de Pointe-Noire prévue sur 3.150 ha, pour exploiter les produits pétroliers raffinés, les industries alimentaires, les métaux, l’ingénierie, les produits chimiques et autres activités pour 42.000 emplois et 2 milliards $ de PIB.

En janvier 2017, la zone de Pointe-Noire a bénéficié d’une aide de 60 milliards $ de la Chine, pour financer la construction par les entreprises chinoises d'un port minéralier et d'une usine de potasse à Pointe-Noire ; alors que la zone de Brazzaville a démarré ses activités pour 500 milliards $ depuis 2014. Mais, l’ajustement du budget des ZES de 24 milliards F CFA, à 4 milliards en 2014, après la réduction du budget de l’Etat de 4.192 à 3.932 milliards FCFA, rend nécessaire une gestion sélective des projets par zone autour d’un contrat-plan liant l’Etat à l’Interdépartemental.

Ainsi, la diversification des activités économiques du Congo est limitée par la faible synergie entre les projets dans l'espace-temps. La raréfaction des ressources financières exige un pacte national de gouvernance du développement économique accéléré, dans une organisation tournante et périodique des activités économiques à forte valeur ajoutée par zone, moyennant un contrat-plan entre l’Etat et l’Interdépartement.

 

Emmanuel OKAMBA Maître de Conférences HDR en Sciences de Gesti

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Édition Quotidienne (DB)

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