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Les leçons d'Oyo

Samedi 11 Mars 2017 - 13:00

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Le pari semblait fou, il y a quatre mois, de rassembler dans une petite ville du Nord Congo les représentants des douze pays qui composent le Bassin du Congo et de leur proposer de s'unir pour créer une institution dont la mission serait d'asseoir le développement durable de cette partie de l'Afrique sur une gestion raisonnée et raisonnable des immenses ressources naturelles que celle-ci détient, sur une émergence des populations respectueuses de l'environnement, sur le lancement d'une réflexion commune concernant les richesses aquatiques du deuxième plus grand bassin fluvial de la planète.

Mais c'est bien ce pari qui a été relevé la semaine dernière à Oyo puisqu'au terme de longs et fructueux débats entre experts, puis entre représentants officiels des Etats présents, un Mémorandum a été adopté qui lance le processus d'intégration régionale inédit dont devraient sortir de grands progrès à brève échéance. D’un commun accord et sans que les divergences existant ici et là entre les pays du Bassin du Congo viennent perturber le processus qui s’amorce sous nos yeux va donc se mettre en place une communauté de nations fondée sur le respect de la nature.

Evènement inédit dans un monde où les Etats dissertent à perte de vue sans jamais traduire en actes les nobles projets qu’ils adoptent lors des Sommets mondiaux sur l’environnement, le Mémorandum signé à Oyo crée une institution, le Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, qui pourrait bien révolutionner l’approche climatique des nations modernes. S’il débouche, comme tout permet de le penser aujourd’hui, sur une économie régionale riche et efficace, mais fondée sur le respect de la nature il modifiera de façon radicale les règles qui régissent depuis plus d’un siècle la production, le commerce, l’investissement sur les cinq continents.  Et c’est précisément la raison pour laquelle le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, la Banque mondiale et l’Union Européenne avaient envoyé des représentants à Oyo qui ont pris la parole pour affirmer de façon solennelle leur appui au Fonds Bleu.

Au-delà, en effet, de la protection de la nature et de la gestion raisonnée des ressources que celle-ci contient, ce qui est en jeu dans cette affaire n’est pas autre chose que le maintien de la paix dans une région menacée par la montée des extrémismes de toute sorte, mais aussi la cupidité des entreprises qui tentent de s’approprier les richesses naturelles en violant allègrement les règles de l’Etat de droit. Nous l’avons appris nous-mêmes tout au long des dernières décennies, la paix ne peut être construite durablement que si chacun, à sa place, peut vivre dignement, nourrir sa famille, élever ses enfants, protéger sa santé, commercer et échanger, bref décider librement de son destin.

La page de la Conférence d’Oyo étant tournée, il convient de donner rapidement un contenu concret au Mémorandum  signé le 9 mars dans la salle des conférences de l’Hôtel Alima, imposant bâtiment élevé sur les berges de la rivière du même nom. Voyons donc comment les Etats du Bassin du Congo agiront afin que le Fonds Bleu ne soit pas seulement une belle et noble idée, mais devienne rapidement une institution dont le meilleur sortira.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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