David Louhoungou : « J’espère que nous parviendrons à développer une conscience écologique au Congo »

Mercredi 15 Mars 2017 - 13:59

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Milieu de terrain international de 28 ans, David Louhoungou a mis sa carrière entre parenthèse pour participer au commerce familial : Le Marché de Lydie, une boutique de produits agricoles bio créé il y a 3 ans par sa mère, Lydie Louhoungou.

Les Dépêches de Brazzaville : On connaissait David Louhoungou le Diable rouge (11 sélections), on vous découvre maintenant dans le commerce de produits bio, puisque vous travaillez dans l’entreprise familiale à Pointe-Noire : Le marché de Lydie.

David Louhoungou : Je suis arrivé à Pointe-Noire le mois dernier pour épauler ma mère qui développe un commerce bio. Nous proposons toute une gamme de fruits et légumes bio, de la salade à la pastèque en passant par le mangoustan, l’avocat, le poivron, la banane plantain, l’ananas…

LDB : Pourquoi le bio ?

D.L : La raison est double. Le bio est un marché porteur mais il y a également une démarche d’émancipation du Congo. La diversification de l’économie nationale doit se faire avec une agriculture saine et durable. L’idée étant que l’on parvienne à remplir l’assiette des Congolais avec des aliments qui ne soient pas néfastes pour leur santé.

LDB : D’où viennent les produits que l’on trouve au Marché de Lydie ?

D.L : 40% des produits viennent de producteurs locaux, donc des environs de Pointe-Noire car notre démarche tend aussi à fonctionner en circuit court pour avoir un impact positif sur l’économie locale. 10% viennent de pays voisins et les 50% restants de nos terres agricoles au village de Ngoliba hérités de mon grand-père, Nsangoula Samuel. La terre y est fertile, on y développe le maraîchage et l’apiculture. Et ici, derrière la boutique, un poulailler permet la production d’œufs.

LDB : En montant ce commerce avec votre mère, avez-vous senti un engouement des producteurs que vous avez rencontrés ?

D.L : Totalement. Nous avons été étonnés de rencontrer des agriculteurs qui avaient de bons produits, sans pesticides, sans produits ajoutés, mais pas de marché pour les écouler. C’est ce qui nous a conforté dans notre démarche, car toute la chaîne est vertueuse. D’un côté, nous offrons un débouché aux agriculteurs et de l’autre, nous proposons des produits sains à nos clients.

LDB : Et vos clients justement, qui sont-ils ?

D.L : La clientèle est essentiellement européenne : des particuliers, qui font leurs courses quotidiennes, et des professionnels de la restauration.

LDB : Comment parvenir à attirer une clientèle locale ? Les produits biologiques sont-ils à la portée de toutes les bourses ?

D.L : La clientèle européenne est forcément davantage sensibilisée à la problématique bio. Pour les Congolais, ce n’est pas encore le cas, car il n’y a pas véritablement de communication sur les bienfaits du bio. C’est un processus qui se fera avec le temps. En Europe, les prix du bio deviennent de plus en plus abordables, ce qui n’était pas le cas au début. Pour l’instant, les prix de nos produits sont un peu plus élevés que ceux du marché « lambda ».

LDB : Finalement, ce marché bio, presque vierge au Congo, ouvre le champ de tous les possibles…

D.L : Je pense que nous sommes aux prémices d’un mouvement et qu’il faut une sensibilisation générale des bienfaits de la nourriture saine et naturelle. Les répercussions sur le plan sanitaire sont énormes et dans le cadre du développement humain et économique du pays, on ne peut pas manquer le train de la révolution bio. En tant que jeune papa, j’espère que l’on va parvenir à développer la conscience écologique pour un meilleur Congo de demain.

 

Propos recueillis par Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

David Louhoungou et sa mère Lydie devant le Marché de Lydie, où sont proposés de nombreux produits issus de l'agriculture biologique: fruits, légumes, miel, œufs... (droits réservés)

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