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Où peut conduire la course mondiale aux armements ?

Samedi 18 Mars 2017 - 14:37

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Lorsque débuta le troisième millénaire, il y a  un peu plus de dix-sept ans, l’opinion prévalait au sein de la communauté internationale que le conflit larvé entre l’Union Soviétique, la Chine, l’Europe et les Etats-Unis ayant pris fin avec l’effondrement de l’Union soviétique, le monde entrait dans une ère pacifique dont le meilleur pourrait sortir. La démocratie, le libre-échange, le développement des nouvelles technologies, mais également les leçons tirées des conflits sanglants du siècle précédent se conjuguaient, pensait-on, pour mettre un terme définitif aux conflits territoriaux et idéologiques qui avaient coûté si cher à l’humanité. Et, de fait, tout semblait jouer en faveur d’une humanité pacifique, apaisée, assagie, enfin raisonnable, pour laquelle la santé, l’éducation, le progrès social, l’élévation du niveau de vie seraient des impératifs catégoriques.

Mais voici, hélas !, que les espoirs suscités à juste titre sur les cinq continents par la fin de la « guerre froide » s’envolent brusquement balayés par des tensions entre les « Grands » qui rappellent fâcheusement l’époque dangereuse et instable que l’on croyait révolue. En Europe du nord et de l’est, au Proche et au Moyen-Orient, en Mer de Chine méridionale et en Asie du sud, en Afrique même des affrontements larvés se dessinent qui semblent préfigurer une crise de grande ampleur à laquelle, cela va de soi, l’humanité dans son ensemble n’est pas préparée. D’où la crainte de ce que nous réserve l’avenir proche et lointain qui grandit de jour en jour dans les cercles où sont conduites les réflexions prospectives et stratégiques à l’échelle planétaire

Signe, s’il en fallait un, que la paix mondiale se dégrade de jour en jour l’envolée des sommes, déjà pharaoniques, que les grandes puissances consacrent à leur armement indique clairement que la coexistence dite « pacifique » née des affrontements multiples du siècle précédent oscille fortement sur ses bases. Dans une étude publiée il y a tout juste un mois l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri) dont le siège est installé à Stockholm, capitale de la Suède,  s’inquiétait que les ventes d’armes aient progressé de 8,4 % au cours des cinq dernières années (2012-2016) par rapport à la période 2007-2011. Or voici que le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, vient d’annoncer une augmentation brutale de 10 % – 54 milliards de dollars – du budget américain de la Défense pour la seule année 2017, preuve s’il en fallait une que la méfiance grandit de jour en jour entre les « Grands » et  prend maintenant une tournure dangereuse

Conclure de ce qui précède que nous sommes à nouveau au seuil d’un conflit planétaire ne serait ni sérieux, ni raisonnable. Mais ce que l’on peut d’ores et déjà retenir pour certain est que la compétition entre les grandes puissances, nourrie par l’émergence de la Chine et de l’Inde, la réémergence de la Russie, génèrera de fortes tensions dans plusieurs parties du monde dans les années à venir. D’où l’idée qui fait son chemin dans ce qu’il est convenu d’appeler les « think tanks », ou groupes de réflexion stratégiques, selon laquelle le temps est venu de mettre à plat le système onusien né de la deuxième guerre mondiale, système qui a manifestement fait son temps puisqu’il se révèle incapable de concilier les points de vue des puissants de ce monde.

Attendre une telle réflexion  des Etats et des gouvernements qui sont englués dans les contraintes de la vie quotidienne et s’avèrent incapables de prévoir les conséquences à long terme de leurs décisions présentes relève purement et simplement de l’utopie, du rêve comme l’ont montré les conflits dévastateurs du dix-neuvième et du vingtième siècle. D’où cette question de simple bon sens : ne devrait-elle pas être engagée avant qu’il soit trop tard par l’Afrique, l’Amérique Latine, l’Asie du sud tout comme le font déjà ces communautés dans le domaine vital de la préservation de la nature face aux superpuissances industrielles de l’hémisphère nord qui ne s’en préoccupent guère quoi qu’elles prétendent ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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