Le 40è anniversaire de la mort du Cardinal Biayenda célébré à Rome

Lundi 20 Mars 2017 - 16:19

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Une conférence a rassemblé des participants venus de toute l’Italie et d’Europe autour de la figure du premier cardinal congolais.

La communauté congolaise de Rome a organisé samedi dernier une conférence internationale autour de la figure du cardinal Emile Biayenda, le premier cardinal du Congo assassiné le 22 mars 1977, quatre jours après le président de la République de l’époque, le commandant Marien Ngouabi. «40è anniversaire de l’Oblation du Cardinal Biayenda - Témoignage de la vérité qui nous rend libres », était le thème retenu pour cette commémoration au siège des missionnaires carmélitains de Rome. La manifestation a démarré par une conférence internationale.

Premier à prendre la parole, le père carmélitain italien Romano Gambalunga, postulateur général de son ordre. Dans l’ordonnancement catholique, le postulateur est celui qui est chargé de documenter le dossier en béatification d’un chrétien dont la vie, l’œuvre et le témoignage peuvent être proposés en exemple de sainteté. Saisi par l’Archevêque de Brazzaville, Mgr Anatole Milandou, le père Gambalunga mène l’enquête sur la vie du cardinal Emile Biayenda.

Il a indiqué que ses observations et conclusions pourraient être envoyées dans « un temps relativement rapide » à la congrégation vaticane qui se charge de délibérer sur les causes de sainteté. Mais, déjà, le fait que celle-ci ait prononcé la recevabilité du dossier est une bonne chose. Restera à voir si des miracles se sont déjà produits à l’invocation du nom du cardinal Biayenda, et s’il existe des éléments attestant de son martyre ou de sa mort « en haine de la foi ». Il s’agit d’un processus complexe mais rigoureux au bout duquel le pape donnera son dernier avis ultime.

Ensuite trois autres communications ont suivi. Le journaliste congolais de Radio Vatican, Albert Mianzoukouta, a évoqué le contexte historique de l’assassinat du cardinal : un contexte de tensions internationales en pleine guerre froide, et de tensions internes au Congo où des dissensions se font jour au sein du Parti congolais du Travail. Tensions qui amènent le commandant Marien Ngouabi à convoquer un congrès extraordinaire après avoir mis en place un état-major spécial révolutionnaire chargé notamment de sa préparation. C’est dans ce contexte que surviennent, le 18 mars 1977, l’assassinat du commandant Marien Ngouabi et, le 22 mars, quatre jours plus tard, celui du cardinal Biayenda auquel le liait une réelle amitié.

L’ambassadeur du Congo en Italie et doyen du Corps diplomatique, M. Mamadou Dékamo Kamara, a illustré la stature du cardinal Biayenda aussi bien au niveau national congolais et qu’international. « Le cardinal Emile Biayenda fut un cardinal de la jeune Nation congolaise. C’est ainsi que le comprit et le vécut le président Marien Ngouabi. Pourtant, tout aurait dû opposer les deux hommes : l’un était un soldat de la République aux idéaux marxistes assumés ; l’autre était un homme de Dieu appelé à servir le prochain dans la foi en Dieu ».

Et il a poursuivi, louant un exemple d’entente entre deux dignes fils du pays qu’ « au lieu de les diviser, ces particularités les ont rapprochés dans une amitié respectueuse du domaine de compétences de chacun, étant entendu qu’au sein de son Parti congolais du travail ou à la tête de la Conférence épiscopale congolaise les deux hautes personnalités œuvraient pour le bien de tous les Congolais ; que chacun à sa manière, le président et le cardinal, rehaussaient l’éclat du Congo au sein de la communauté internationale ; que chacun portait haut et loin la voix du pays dans le concert des nations. »

Pour sa part, Mgr Bernard Nsayi, ancien évêque de Nkayi, a parlé de l’action pastorale du cardinal Biayenda. Il a souligné l’humilité qui caractérisa sa vie ; une humilité toutefois servie par une fermeté qu’on ne pouvait plier lorsqu’il avait décidé. Il a également relevé combien la personne du cardinal Biayenda fut, dès les années de séminaire, comme un pont et un carrefour, ses amis venant à lui pour désamorcer les tensions. Il n’hésitait pas à s’interposer quand commençaient des litiges. Et puis, toute sa vie, il n’a eu de cesse de rappeler aux chrétiens de demander et accorder le pardon en toute circonstance.

Enfin, avant l’homélie de la messe de clôture dans la chapelle des capucins, Mgr Emery Kabongo, ancien secrétaire particulier du pape Jean-Paul II et originaire de la République démocratique du Congo( RDC), a réaffirmé la valeur de foi pour appeler une béatification. Prier, donner témoignage, faire part au curé de sa paroisse ou à l’évêque du diocèse de tout bienfait miraculeux obtenu par l’invocation du nom du cardinal Biayenda. Actuellement archiprêtre de la basilique Saint-Pierre de Rome, Mgr Kabongo a dit son souhait de voir beaucoup de saints en Afrique centrale et sur le continent tout entier pour connaître et consolider la vraie paix.

Lucien Mpama

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