L'Italie au cœur de l’imbroglio des adoptions internationales

Mardi 18 Avril 2017 - 19:05

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Associations et institutions en charge des adoptions internationales sont en totale guerre des tranchées. La justice et la presse sont prises à témoin.

« Pour la légalité dans les adoptions internationales !». C’est sur ce thème que se déroule une féroce campagne d’accusations contre-accusations dans les milieux des adoptions en Italie. La guerre est désormais déclarée entre les ONG en charge de ce secteur sensible et la CAI, la Commission italienne des adoptions internationales. Plus précisément, certaines individualités de cette commission qui relèvent du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, entendent donner de l’ampleur à une enquête de presse ayant pointé des défaillances et activités coupables dans les plus récentes adoptions de petits congolais par des familles italiennes.

Celles-ci ont déboursé de l’argent à des intermédiaires chapeautés par les ONG italiennes pour enfin voir leurs enfants les rejoindre ? C’est ce que semble insinuer un article de l’hebdomadaire "L’Espresso". Le journaliste Fabrizio Gatti a mis les pieds dans le plat l’an dernier, en titrant son enquête : « Voleurs d’enfants ». Il racontait un « trafic de mineurs et des cas de pédophilie derrière les adoptions internationales opérées par une “association italienne qui œuvre dans le domaine des adoptions” ». Association non spécifiée mais qui s’est reconnue !

Accusations pesantes qui ont fait littéralement bondir au plafond la présidente de la CAI, la juge Silvia Della Monica. Femme au caractère trempé dans la lutte contre la mafia au sud de l’Italie où elle a œuvré avant de venir prendre la direction de la CAI à Rome, Della Monica n’a pas sa langue dans la poche lorsqu’il s’agit de débusquer et dénoncer les pratiques de la criminalité. « Depuis des années, j’attire l’attention du gouvernement sur le danger que représente la délivrance de reconnaissances officielles à des associations qui ont fait de l’adoption leur juteux business », a-t-elle tempêté, il y a quelques semaines.

Son mandat à la tête de la CAI a expiré mais le gouvernement italien semble quelque peu indécis entre lui trouver une personne consensuelle pour lui succéder ou la reconfirmer ! Alors, pour donner un coup de pouce et débloquer la situation, des familles italiennes qui ont récemment adopté des enfants congolais et des associations du secteur ont payé une pleine page dans le journal à grand tirage, Il Corriere della Sera au titre tapageur : « Que le gouvernement arrête les voleurs d’enfants ! ». Suit un article, expliquant que les auteurs de cet appel le font « en appui à la légalité ».

Et que pour eux, cette légalité sera totalement assurée lorsque le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, aura confirmé Silvia Della Monica à la tête de la CAI. Les familles et associations expliquent : « Trois années de travail de la juge antimafia Della Monica comme vice-présidente et présidente de la CAI ont permis de faire la lumière sur l’ignoble scénario, qui a récemment vu les dossiers des 18 enfants déjà adoptés par des parents italiens pris en otage dans les orphelinats d’un des lieux les plus dangereux au monde : Goma, en République démocratique du Congo ».

Mme Della Monica avait porté cette affaire au sein des institutions internationales variées, de l’ONU à l’Unicef, promettant publiquement des poursuites judiciaires contre une association italienne retenue responsable de cet imbroglio. Notamment, parce qu’elle s’était liée à des personnes véreuses, et parce qu’elle avait fermé les yeux devant les cas d’enfants retenus adoptables alors que leurs parents biologiques sont bel et bien, ce qui les disqualifiait donc des critères de l’adoption au regard de la loi italienne et des règles de la CAI. L’association incriminée a, à son tour, engagé des poursuites judiciaires en diffamation devant les juridictions italiennes.

Pour les familles soutenant l’opération de lessivage promise par la juge de fer Della Monica, c’est dans le but de freiner l’action de celle-ci que depuis quelques temps « la machine à déverser de la boue » s’est mise en marche. « Les familles victimes de ces trafiquants ont été menacées et des voix de venin se sont répandues en calomnies auprès du Premier ministre, Paolo Gentiloni ». Les signataires de la campagne de presse de soutien ne se sont pas clairement identifiées, mais la presse croit savoir qu’il s’agit d’une trentaine d’associations qualifiées dans le domaine des adoptions. A suivre sans doute.

Lucien Mpama

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