Evasion de la prison centrale de Makala : la population redoute un regain d’insécurité dans la ville

Mercredi 17 Mai 2017 - 17:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Ce sentiment mi figue-mi raisin se justifie par cette libération collective, qui vient de remettre en liberté certains bandits de grands chemins, membres de bandes de kuluna, qui sèment la terreur dans la ville-province.

La population kinoise redoute un regain d'insécurité, suite à l’évasion de la grande majorité de la population carcérale de la prison centrale de Makala. Alors que ces prisonniers en cavale sont fêtés par leurs familles et leurs proches, un sentiment de crainte envahit la population, qui se dit exposée aux méfaits du comportement de ces désormais ex-prisonniers parmi lesquels ceux communément appelés "kuluna". « On aurait bien voulu les voir dehors mais, mettre en liberté ces "kuluna" signifie que la population est exposée à leurs actes de banditisme, qui les avaient conduits en prison », a déclaré un Kinois après vérification de la véracité de cette information.

Tôt le matin du 17 mai 2017, les Kinois ont été réveillés par cette nouvelle de l’attaque de la prison centrale de Makala, la principale maison carcérale de Kinshasa, où dix pavillons sur les onze qu’elle compte ont vu toutes leurs grilles et barrières ouvertes pour laisser passer leurs pensionnaires. Pendant que le ministre de la Justice, sur les ondes de Top Congo FM, cherchait à minimiser l’ampleur de cette action, en notant que seule une cinquantaine de prisonniers avait pu sortir, des informations concordantes notent, elles, que près de 90% des pensionnaires ont pris la fuite à la suite de cette action attribuée aux adeptes de Ne Muanda Nsemi. S’il faut se dire que cette prison comptait plus de deux mille détenus, on peut se faire une idée sur le nombre qu’elle a déversé dans la ville.

Une traversée triomphale de Kinshasa

Déjà, vers les premières heures de la matinée, les évadés ont atteint des communes lointaines de la ville, par rapport à la prison d’où ils étaient sortis. A Lemba, à Matete ou dans les communes de la Tshangu, ces désormais ex-prisonniers ont été applaudis par la population, qui pensent que cette libération qui coïncide avec la date de l’entrée des troupes de l’AFDL à Kinshasa, brise le mythe du pouvoir de Kinshasa. Le gouvernement avait dédié cette journée aux forces armées. Comment fait-il que des simples civils, se demande un Kinois qui a requis l’anonymat, bravent ces forces ce jour symbolique ?

Pour saluer cette libération, les désormais ex-prisonniers ont été accueillis avec des bouteilles de « zododo », ces Whiskies frelatés dont la teneur en alcool est inconnue, qui est à la base de certains comportements décriés à Kinshasa. « Mes amis sont dehors (libres), je cours pour leur offrir cette boisson pour saluer ces retrouvailles… », a fredonné un Kinois, dont la physionomie est à faire peur, si vous vous rencontrez à deux dans un couloir.

Des prisonniers emblématiques restent sur place

Alors que certains évadés arguent que tous les prisonniers, sans exception, seraient dehors, il est confirmé que des emblématiques, ainsi que d’autres prisonniers politiques parmi lesquels Franck Diongo et toutes ces personnes qui ont été arrêtées dans le cadre de son affaire, et des militaires proches de Jean-Pierre Bemba (dont certains ont été amnistiés mais ne sont pas encore libérés) n’ont pas voulu sortir de la prison à la suite de cette vague d’évasion. Ils sont restés dans leurs cellules et se retrouveraient encore en prison. « Ils ont évité de sortir par cette grande porte officieuse. Ils attendent la grande porte officielle », a dit avec humour un Kinois qui semblait avoir appris cette information d’une source sûre. Pour l’instant, le bilan des évadés, des morts et blessés ne sont pas encore établis. « A voir le sang qui a coulé à l’intérieur de la prison et dans les parages, le bilan devra être très lourd », a néanmoins admis un confrère qui se retrouvait dans les périmètres de la prison où toutes les issues sont filtrées par les forces de l’ordre tentant de remettre les choses en place. Mais, beaucoup continuent également à hésiter et traitent cette évasion de "mascarade" ou une "blague de mauvais goût".

Lucien Dianzenza

Notification: 

Non