Yhoan Andzouana : « une chose est sûre : je jouerai en professionnel la saison prochaine »

Dimanche 4 Juin 2017 - 9:15

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Yhoan Andzouana, le milieu offensif de Monaco, fait le point sur sa situation à l’ASM. Patriote de la première heure (il a rallié le Congo à 15 ans), il exprime son bonheur d’être à Lisses et son stress en attendant la liste définitive. Avec le sourire, comme toujours…

Les Dépêches de Brazzaville : Yhoan, ton club, l’AS Monaco, est champion de France. Mais pas toi, à cause d’un « maudit » point de règlement…

Y.A : Effectivement. Malheureusement pour moi, la Ligue de football professionnel a une règle qui stipule que, lors des 37e et 38e journées, les clubs ne peuvent incorporer que 4 joueurs n’ayant pas pris part aux quatre journées précédentes (article 525, ndlr). Quelques jours avant, le coach m’avait dit qu’il comptait me faire jouer, afin de participer à la fête. Mais la veille, il a appris cette règle et m’a annoncé que je n’en serais pas. Ça aurait été ma récompense. Mais bon, on va dire que j’ai eu la moitié de la récompense en jouant contre le PSG, en demi-finale de la Coupe de France, au Parc des Princes (ndlr : 0-5, le 26 avril).

LDB : c’était vraiment une récompense au vu du résultat ?

Y.A : Avec le contexte et le résultat, c’est vrai que ça fait plus cadeau empoisonné. Mais, pour moi qui suis Parisien, qui allait dans les tribunes du Parc quand j’étais petit, c’était plus du bonheur qu’autre chose.

LDB : Quand vous repensez à ce match, vous les jeunes, ne regrettez-vous pas de ne pas avoir eu un ou deux cadres en plus sur la pelouse pour affronter le PSG ?

Y.A : Oui, c’est probable qu’avec un ou deux cadres de plus, on aurait pu prendre moins « lourd ». Et vu nos trente premières minutes, avant le premier but un peu « gag », on aurait même pu aller chercher les prolongations. Après, pour nous, c’était l’occasion de tutoyer le haut niveau, d’être mis en lumière, de participer à la belle saison du club.

LDB : Que ressort-on d’un match comme ça, avec un score aussi cinglant ?

Y.A : Bon, il faut d’abord digérer le score. Après on analyse : on voit d’abord le chemin qu’il reste à parcourir. Bon, en même temps, on s’entraîne au quotidien avec l’effectif d’une des meilleures équipes d’Europe. Le champion, c’est Monaco, pas Paris (rires). Sans blaguer, à Paris ce sont des grandes stars. Mais bizarrement, je m’attendais à un truc exceptionnel. Et puis sur le premier ballon, j’élimine un joueur et je me dis : « bon bah, ce sont des hommes comme nous, avec deux jambes et deux bras ». Donc, oui le chemin est long, mais pas si long que ça, en étant à Monaco.

LDB : Cette saison est magnifique pour Monaco, un peu plus compliquée pour toi : à l’entrainement avec les pros, mais sans y jouer, trop « vieux » pour la Youth League, une vingtaine de matchs de CFA au compteur… Une saison un peu à la croisée des chemins ?

Y.A : Oui, une saison « montagnes russes » : on s’approche des pros, puis on part jouer en CFA, on revient avec les pros et on repart avec la CFA… en plus, j’ai eu quelques pépins physiques en début de saison. Mais finalement, je fais une saison avec 15 matchs comme titulaire (ndlr : 21, dont 17 comme titulaire) pour 5 buts et 5 passes décisives.

LDB : C’est dur de se motiver pour un match de CFA quand tu t’es entraîné toute la semaine avec Falcao, Mbappé et Fabinho ?

Y.A : Non, pour une raison très simple : j’ai une relation particulière avec le coach de la réserve (ndlr : Souleymane Cissé). C’est un peu comme mon « père », il m’a beaucoup donné depuis mon arrivée au club. Sans lui, je pense que je n’en serais pas là. On a été mal classés jusqu’à la mi-mars et je le lui devais d’aider l’équipe à remonter la barre : finalement, on a terminé à la 5e place. Et puis, je me mets aussi à la place du coach Jardim : il a eu la pression jusqu’au bout en Ligue 1. Le PSG ne lui a pas vraiment laissé l’occasion de mettre en place une rotation. Bon, après, j’aurais aimé jouer plus, en tant que compétiteur…

LDB : L’année dernière, après ta signature professionnelle, vous vous êtes interrogés, avec ton entourage, sur un prêt pour aller chercher du temps de jeu. Tu regrettes que ça n’est pas été fait ?

Y.A : C’était mon souhait, j’en ai fait part au club, qui voulait que je reste pour titiller le groupe pro et soutenir la réserve. Je ne regrette pas : ma signature professionnelle n’était qu’une étape. C’était probablement plus sage de ne pas partir à l’aventure, mais de continuer mon apprentissage en m’entraînant avec l’un des meilleurs effectifs d’Europe.

LDB : Et pour la saison prochaine ?

Y.A : Aucune décision n’a été prise. Avec le stage de Lisses, tout s’est enchaîné très rapidement. Donc, nous ferons le point, après la sélection, avec le coach Jardim et le club. Mais une chose est sûre : je jouerai en professionnel la saison prochaine.

LDB : Un petit mot sur Kylian Mbappé ?

Y.A : Kylian, c’est un phénomène, un joueur qu’on ne voit qu’une fois par siècle. Il est hors norme, mais c’est aussi un motif d’espoir pour les autres jeunes, car à Monaco, le projet, c’est de faire jouer les joueurs formés au club, pour qu’ils aillent titiller ceux qui sont en place.

LDB : Titiller ceux qui sont en place, c’est aussi ce que tu fais, ici à Lisses, depuis le début de la semaine : international U17, puis U20 et U23, te voilà en présélectionné, aux portes de l’équipe A. Là aussi, la progression est linéaire…

Y.A : C’est le moment que j’attendais, depuis l’enfance : montrer que j’ai le niveau de cette équipe, des cadres que sont Prince, Fodé ou Delvin. Cette semaine, je pense que j’ai montré de belles choses. Je suis arrivé sur la pointe des pieds, mais mon souhait c’est de rester. Je m’y sens bien et c’est mon souhait depuis que je suis tout petit. Et pour tout vous dire, je stresse en attendant cette liste.

LBD : IL y a un an et demi, tu disputais les Jeux Africains, à Brazzaville, qui n’ont pas été un franc succès collectif et individuel. Qu’en gardes-tu ?

Y.A : C’était ma première grosse compétition à domicile et j’ai beaucoup appris humainement. Depuis que je suis tout petit, en club, je suis dans le même groupe. Là, il a fallu que je m’intègre à un collectif que je ne connais pas, où il avait déjà un noyau dur. Ça sort du confort du centre de formation. Ça pousse à sortir de sa coquille. Après sportivement, je n’ai pas beaucoup joué, surtout au début.

LDB : Tu as la chance d’avoir déjà connu quelques belles ambiances en sélection. Le match de Kinshasa, ça va être le niveau au-dessus…

Y.A : C’est déjà énorme. Quand je poste une photo sur les réseaux sociaux, je reçois des messages, les supporteurs attendent beaucoup de ce match. Cette ambiance, cette attente, c’est ce qui rend le football magique. Mais bon, il faudrait que cette passion se limite au terrain, que ça ne parte pas dans les extrêmes…

LDB : Il est compliqué ce match…

Y.A : Oui, mais il n’est pas perdu. Ils sont favoris, ils ont des meilleurs joueurs, qui évoluent dans des meilleurs clubs, on le sait. Donc on va y aller en outsiders, mais pas en victime. Il faudra le jouer comme un match de coupe. Et les matchs de coupe, ce n’est pas toujours le gros qui gagne (rires)…

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Yhoan Andzouana, international depuis l'âge de 15 ans, est un amoureux des Diables rouges (crédit photo Adiac/CD)

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