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A propos du mandat des jeunes

Samedi 10 Juin 2017 - 14:45

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Ce débat est loin d’être épuisé qui tourne autour de la place que la société congolaise réserve aux 18-35 ans, la couche de la population la plus active, et soit dit en passant, la plus nombreuse chez nous. Est-elle la moins responsabilisée, la plus marginalisée, la mal-aimée ? Mis à part un certain effet de mode qui voudrait qu’à chaque fois qu’ils prennent la parole en public les entrepreneurs politiques s’apitoient sur le sort des jeunes, il est une réalité toute congolaise qu’il convient peut-être de rappeler pour dire qu’à la vérité cette couche de la population a toujours pris une part active dans les institutions nationales.

La question de la jeunesse importe, il est vrai, d’être abordée avec beaucoup de recul car se pose absolument pour elle une catégorisation liée à la position que chacun de ceux qui la compose occupe au sein de la société. Des jeunes sortis des écoles avec diplôme n’ont pas nécessairement les mêmes aspirations que ceux qui en sont sortis sans brevet ou qualification, que ceux qui ont abandonné le banc de l’école plus tôt, ou ceux qui n’y ont presque jamais mis les pieds. Bien souvent, tous s’engagent en politique autant qu’ils le peuvent et quand arrive le moment des revendications d’emploi ils deviennent indistinctement plus actifs.

Ce n’est pas pour dire que les jeunes sans qualification ont tort de réclamer du travail. La Constitution elle-même stipule en son article 29 que « l’Etat assure l’épanouissement de la jeunesse et garantit le droit à l’éducation et l’égal accès à l’enseignement et à la formation ; la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans ». Puis de renchérir au suivant que « l’Etat reconnait à tous les citoyens le droit au travail et crée les conditions qui en rendent effective la jouissance ». Il s’agit bien évidemment à ce niveau de dispositions générales à la mise en œuvre desquelles la participation de chaque citoyen reste l’élément déterminant.

Sur l’engagement politique des uns et des autres, la période préélectorale dans laquelle se trouve le Congo présentement remet la question des jeunes en bonne place. Ceux parmi eux qui ont été investis par leurs formations politiques respectives ont unanimement salué un avènement qui tardait à venir en quelque sorte : « C’est une bonne chose, parce que nous les jeunes, nous avons aussi un rôle à jouer », ont pour l’essentiel déclaré les « investis » de la Force montante congolaise mouvement de jeunesse affilié au Parti congolais du travail. Le son de cloche devrait être le même chez leurs amis des autres partis.

Mais, est-ce pour la première fois que les 18-35 ans monnayent leurs services à ce niveau de responsabilité ? La réponse est non au regard de l’histoire récente du Congo. Dans toutes les institutions nationales, aujourd’hui, comme hier, les jeunes ont toujours en effet exercé des hautes fonctions, les plus hautes mêmes, avec des succès et des faiblesses, des victoires et des défaites. Pour ce qui est de la fonction présidentielle, de la fonction de Premier ministre, de ministre ou de parlementaire, les exemples sont nombreux. La question est donc moins celle de la marginalisation des jeunes que celle de ce que chacun de ceux qui accèdent jeunes aux responsabilités apporte au pays.

Les débats dans l’hémicycle se déroulant en direct à la télévision nationale, demain, ceux des jeunes dont les caprices des suffrages porteront chance pour représenter leurs mandants à l’Assemblée nationale se révèleront sans attendre : seront-ils des cracks à même de convaincre par la pertinence de leurs interventions ou se contenteront-ils d’épouser l’âme et le corps de vieux partis façonnés depuis un quart de siècle qui ne s’empêcheront pas de leur rappeler chaque fois par le regard oblique et la réprimande d’où ils viennent ?

Sans préjuger de rien, disons aux jeunes et aux plus âgés qui seront élus dans quelques semaines député ou conseiller que le peuple les regarde.

 

  

 

 

 

Gankama N'Siah

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