Piratage audiovisuel : un faux calcul !

Mardi 8 Août 2017 - 11:42

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Le système des câblodistributeurs prive tout le secteur de la production de revenus et d’investissements. Une perte estimée à 120 milliards de francs CFA par an.

Dans des villes comme Abidjan, on évalue à 46 % les foyers accédant à la télévision via un réseau informel de distribution. Même si elles représentent un coût d’opportunité intéressant au premier abord pour les téléspectateurs, ces méthodes de piratage entraînent sur le continent une perte estimée à 120 milliards de francs CFA par an pour le secteur audiovisuel et entravent un développement pérenne de la production africaine. Plusieurs formes de piratage sévissent dans les pays africains. Très ancrées dans les habitudes des ménages, elles émergent sous différentes formes selon les usages. Le système des « câblodistributeurs » s’est imposé au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun. Communément appelés « réseaux araignées » ou « câblos », ils s’enrichissent au détriment des réalisateurs et professionnels locaux du cinéma.

Leur fonctionnement est simple et ingénieux : il s’agit d’un système de redistribution de chaînes via des réseaux de câbles reliés directement depuis la base du câblodistributeur jusqu’à la télévision du foyer. Nul besoin de parabole ni de décodeur. Ce câblodistributeur récupère des décodeurs pirates ou bien utilise des abonnements individuels pour en redistribuer les chaînes, via son réseau, à moindre prix. Sur certains marchés, des opérateurs considérés comme tout à fait formels, parfois des chaînes locales, utilisent cette technique pour diffuser certains programmes, souvent des films récents ou du sport, sans payer de droits de diffusion.

Le piratage de la télévision payante risque de déprimer la croissance du secteur en plus de décourager l’investissement et la pénétration du marché par des éditeurs internationaux. Certains d’entre eux, comme France TV, Turner, Canal+ International ou encore BeIN Sports, ont déjà exprimé leur mécontentement à travers des communiqués de presse à l’encontre d’opérateurs ou de « câblos » piratant leurs chaînes.

Pour résister à ce faux calcul qu’est le piratage, il est nécessaire de structurer et de valoriser l’écosystème audiovisuel et cinématographique africain. Le piratage technologique n’est pas en reste. Il est encore plus destructeur de valeur puisqu’il est à la fois tentaculaire et invisible : décodeurs pirates, captation du signal grâce à une parabole, streaming illégal… Autant de méthodes qui demandent beaucoup plus de ressources pour être combattues. Les techniques de piratage sont nombreuses, les raisons parfois légitimes, l’opportunité financière difficilement contestable, mais les dommages collatéraux sont dévastateurs pour l’ensemble d’un secteur et donc d’une économie.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Un immeuble d’Addis-Abeba, en Éthiopie, en octobre 2016 (DR)

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