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Sur les pas incertains de Donald Trump ...

Samedi 5 Août 2017 - 12:22

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La semaine qui vient de s'écouler a vu les Etats-Unis s'enfoncer dans une crise qui n'a pas eu de précédent, du moins dans le cours des cent dernières années. Alors, en effet, que le monde occidental a plus que jamais besoin d'un partenaire fort, stable, aux desseins clairs, l'Oncle Sam a donné tout au long de ces sept journées des signes de faiblesse, d'incertitude, d'incohérence même pour le moins inquiétants.

Au cœur de la crise qui ne dit pas encore son nom figure, bien sûr, le nouveau président américain dont les propos et les actes témoignent d'une absence de maturité politique et diplomatique jamais constatée au sommet de la très puissante machine américaine. Homme d'affaires avisé et multimilliardaire mais n'ayant aucune expérience de la conduite des affaires publiques, Donald Trump a réussi l'exploit de déstabiliser la Maison Blanche, c'est-à-dire l'institution qui couronne l'édifice public américain. En témoignent de façon accablante les démissions et les nominations, les mises à l'écart brutales et les arrivées subites qui se sont succédé jour après jour sous le regard incrédule des médias et de la communauté internationale.

Contredit par sa propre majorité républicaine au Sénat sur plusieurs grands sujets, parmi lesquels figure en bonne place la suppression de l' "Obamacare" , le nouveau président fait face, avec son entourage familial, à des soupçons de connivence avec la Russie lors de la campagne pour son élection qui enflent d'heure en heure et le conduisent à prendre pour tenter de se justifier des décisions fort peu raisonnables contre les autorités de Moscou . Il fait ainsi courir à son pays deux risques majeurs : celui, tout d'abord, de l' "impeachment" qui pourrait le forcer à quitter la Maison Blanche comme ce fut le cas pour Richard Nixon à la suite du "Watergate" ; celui, ensuite, d'une relance de la "guerre froide" avec la Russie qui mettrait en péril la paix mondiale si difficilement obtenue après les décennies de conflits larvés entre l'Est et l'Ouest qui ont durement marqué la deuxième moitié du vingtième siècle.

Rien, dira-t-on, n'est jamais joué sur le terrain de la politique politicienne. Sans doute, mais l'affaiblissement des Etats-Unis provoqué par ces tensions internes alors que de nouveaux rapports de force s'instaurent dans le cercle très fermé des grandes puissances ne peut avoir que des effets négatifs : d'une part il conduit la Chine et la Russie à prendre des mesures conservatoires en prévision des coups de boutoir que pourrait lancer Donald Trump dans le but de sortir de l'impasse où il se trouve désormais enfermé ; d'autre part, il inquiète les partenaires européens de l'Amérique qui redoutent à juste titre un affaiblissement de l'Alliance atlantique, c'est-à-dire de l'appareil militaire qui les a tirés du chaos au sortir de la deuxième guerre mondiale.

Personne, en vérité, ne saurait se réjouir des pas incertains qui marquent le début  - et peut-être la fin - du parcours du nouveau président américain. Personne,  pas même les Etats et les gouvernements qui s'appliquent dans le moment présent à rééquilibrer les rapports de force à l'échelle planétaire. C'est pourquoi il convient d'espérer que la raison finira par l'emporter sur la passion et que, d'une manière ou d'une autre, la très puissante machine publique américaine se chargera de rappeler à l'ordre celui qui risque de l'affaiblir durablement par ses excès.

L'on ne conduit évidemment pas un Etat et surtout une superpuissance comme on dirige une entreprise, fut-elle multinationale.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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