Pool : une crise sécuritaire aux conséquences humanitaires multiples

Lundi 14 Août 2017 - 22:02

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En proie au conflit armé depuis avril 2016, le département du Pool a connu cette année de nombreuses exactions. Selon des témoignages, pas moins de 200 morts tant du côté des forces de l’ordre que des miliciens Ninjas Nsiloulou de Frédéric Bintsamou « Pasteur Ntumi » et des biens publics et privés incendiés. Les populations civiles payent un lourd tribut avec des milliers de sans-abri.

Sur le plan sécuritaire, la situation générale demeure toujours fragile, en dépit de la présence des forces de l’ordre. L’insécurité dans cette partie du pays a conduit les autorités à reporter les élections législatives et locales à Kinkala district, Goma Tsé-Tsé, Kimba, Kindamba, Mayama, Vindza, Mbandza Ndounga et Mindouli.

Des appels multiformes au retour de la paix

Soucieux du rétablissement de la sécurité et de la quiétude dans le département du Pool, la Parti congolais du travail (PCT), à travers son porte-parole, Serge Michel Odzocki, avait invité le gouvernement à mettre hors d’état de nuire, le pasteur Ntumi et ses bandes armées.

Pour l’opposition congolaise, la traque militaire n’est pas une solution à la situation du Pool. En effet, le secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), Pascal Tsaty Mabiala, estimait qu’il fallait plutôt convoquer le pasteur Ntumi à la table de négociations. Dans le même ordre d’idées, le coordonnateur de la plateforme IDC/FROCAD/JM3, Charles Zacharie Bowao, prônait lui aussi le dialogue afin de mettre fin, disait-il, à la crise qui sévit dans le Pool.

La société civile n’est pas aussi restée en marge de la crise sécuritaire qui secoue ce département. C’est le cas de la Conférence épiscopale du Congo qui appelait l’Etat à prendre ses responsabilités de garant de la paix et de l’unité nationale tout en privilégiant la voie du dialogue.  

Le chef d’état-major général réconforte les troupes

Le chef d’état-major général des Forces armées congolaises (FAC), le général de division Guy Blanchard Okoï, a effectué le 28 juillet dernier, une descente dans les départements du Pool et de la Bouenza. But : apporter un réconfort moral à la troupe déployée dans le théâtre opérationnel de Kinkala, Mindouli, Kindamba et Loutété.

Des besoins humanitaires d’urgence estimés à environ 16 milliards FCFA

La crise du Pool engendre du jour au jour des conséquences multiples. Ce qui rend le contexte économique et social tendu, suscitant un manque de denrées alimentaires et par ricochet, l’inflation des coûts des produits de première nécessité dans cette partie du pays. Selon des chiffres officiels encore provisoires, les besoins humanitaires d’urgence sont estimés à 23,7 millions de dollars, soit environ 16 milliards FCFA pour assister 138.000 déplacés pendant environ six mois. Pour y faire face, le gouvernement congolais, le système des Nations unies et seize partenaires ont lancé le 17 juillet dernier un appel de fonds pour mobiliser près de 24 millions de dollars.

Lors d’une réunion d’évaluation à mi-parcours tenue en juillet, le gouvernement et le système des Nations unies indiquaient que l’appel à fonds avait déjà trouvé de répondants car certains partenaires étaient déjà à pied d’œuvre sur le terrain afin d’évaluer les besoins qu’ils pourront financer. Il s’agit, entre autres, de l’'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui a effectué une deuxième mission pour bien chiffrer la demande qu’elle doit soumettre à Washington.  Du côté des Nations unies, l’on s’active également pour ouvrir une fenêtre d’urgence avec des formulations de projets à hauteur de 4,5 millions de dollars.

Une mission attendue dans les zones de conflit

Conscient du fait que la première évaluation n’avait pas pris en compte les déplacés se trouvant dans le périmètre de combats, les autorités congolaises et leurs partenaires ont décidé le 27 juillet dernier d’organiser une mission dans les zones encore non-accessibles dans un proche avenir. La seule condition est d’assurer la sécurité des équipes à déployer sur le terrain.

Rappelons que le gouvernement qui a déjà dégagé une enveloppe de plus de 250 millions FCFA pour la prise en charge des besoins humanitaires des déplacés du Pool a rassuré ses partenaires qu’en dépit des difficultés économiques actuelles, il ne ménagera aucun effort pour tenir ses engagements.

Parfait Wilfried Douniama et Guillaume Ondzé

Légendes et crédits photo : 

Un véhicule incendié par les Ninjas entre Mayama et Mindouli ; des populations déplacées rassemblées à la mairie de kinkala; crédit photo Adiac

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