RDC : la visite du pape François conditionnée par la tenue des élections

Mercredi 13 Septembre 2017 - 17:24

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 La condition a été posée par le nonce apostolique, Mgr Luis Mariano Montemayor, à la fin de sa visite pastorale et de solidarité de cinq jours effectuée à Kananga dans le Kasaï central avec l’archevêque de Kisanga et président de la Cénco, Mgr Marcel Utembi.

Le représentant du saint père en RDC, Mgr Luis Mariano Montemayor, a confié à radiookapi.net que le pape François, qui comptait effectuer une visite en RDC, ne s’y rendra pas avant l’organisation des élections.

Voulant savoir le pourquoi de l’annulation de cette visite du souverain pontife au Congo, alors que cela avait déjà été annoncé, la radio onusienne a appris du Nonce apostolique que « le Saint Siège a dit clairement aux autorités congolaises qu’il est en faveur des élections qui sont établies par la Constitution [de la RDC]Évidemment, je l’ai déjà dit en public de façon élégante. Et le gouvernement connaît parfaitement notre position. Ce n’est pas qu’il conditionne parce que pour venir, il faut une invitation. Pour venir, il faut une concertation pour préparer la venue », a souligné Mgr Luis Mariano Montemayor.

Notant que la question de la venue du pape François en RDC avait été abordée avec le président Joseph Kabila, en 2015, lors de la présentation de sa lettre de créance au président congolais, le nonce apostolique a affirmé l’avoir prévenu des conditions qui prévalaient à ce déplacement du saint père pour le Congo-Kinshasa. « Le gouvernement nous avait dit qu’il serait content de la venue du saint père. C’était l’une des premières choses que le président Kabila m’a dites quand je lui ai présenté ma lettre de créance. Avec une boutade, j’ai répondu : quand vous allez finir le dialogue congolais. C’est toujours clair pour nous. Et ce n’est un mystère pour aucune instance du gouvernement », a expliqué Mgr Luis Mariano Montemayor.

Pour le nonce apostolique, en effet, la tenue des élections serait une assurance pour la paix, en mettant en place les conditions pour cette dernière. Avant cela, a-t-il souligné, il y a risque de manipulation et d’exploitation de la visite du saint père. « Soit pour dire qu’il appuie la continuation du gouvernement illégitime, soit pour ceux qui espèrent expulser le régime en fonction des mouvements populaires », a expliqué le représentant du souverain pontife. La RDC connaît une crise politique à la suite de la non-tenue des élections, qui devaient avoir lieu en décembre 2016. Le pouvoir et l’opposition ont signé un accord le 31 décembre 2016 pour cogérer le pays jusqu’à la tenue des élections, prévues avant la fin de cette année.

L’intervention du souverain pontife dans le Kasaï

Cette visite dans le Kasaï a permis au nonce apostolique et à toute la délégation de l’Église catholique de constater l’état de la situation et les besoins plus urgents. « Je pense que les rencontres que j’ai eues ont été très utiles. Par exemple, j’ai constaté que l’aide humanitaire n’est pas encore arrivée dans la région de Luiza et un peu plus au sud. Ça, c’est grave! », a soutenu Mgr Luis Mariano Montemayor. Rappelant l’intervention de l’Église catholique dans la réponse humanitaire dans la région, le nonce apostolique a relevé que les cinq centres de nutrition visités au cours de cette visite sont financés directement par le saint père depuis trois mois. « Le saint père m’a promis de convoquer le secrétariat chargé des urgences humanitaires et Caritas international afin qu’ils élaborent un plan d’assistance humanitaire et de développement spécial pour le Kasaï. Il y aura un appel particulier », a-t-il rassuré.

Pour Mgr Luis Mariano Montemayor, le pape François est, par ailleurs, attristé par « une certaine distance que l’on perçoit entre la classe politique et son peuple ». « Pour une chose concrète, pourquoi le pape a parlé plus que la classe dirigeante kasaïenne sur le problème du Kasaï ? Pourquoi le pape doit appeler à sauver les enfants, alors que je n’ai pas senti la classe dirigeante kasaïenne de n’importe quel parti s’engager dans un cri qui pouvait mobiliser la solidarité du Congolais qui s’est mobilisé pour les autres crises du pays? Ça nous étonne. Et nous exhortons à changer d’attitude, la classe dirigeante kasaïenne et même le gouvernement à changer d'attitude ! », a dit le représentant du Saint-Siège en RDC.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila et le pape François /photo RFI

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