Léon Juste Ibombo : « notre challenge est de connecter au haut débit les ménages congolais »

Mercredi 20 Septembre 2017 - 20:30

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Désormais annexé à celui des postes et télécommunications, le département de l’économie numérique qu’hérite le ministre Léon Juste Ibombo s’est donné plusieurs défis. Interconnecter les ménages congolais au haut débit figure parmi ces « challenges » qui appellent au déploiement de nouveaux projets, dont la mise en place, bientôt, d’une Commission permanente du numérique, et le lancement incessamment de la 3ème phase du Projet de couverture nationale en télécommunications. Léon Juste Ibombo donne des explications sur ce chantier imminent. 

Les Dépêches de Brazzaville. Le département de l’économie numérique a été greffé à celui des postes et télécommunications. Comment comptiez-vous désormais concilier les deux ?

Léon Juste Ibombo :  L’économie numérique est à la fois le développement des infrastructures de télécommunications à large bande et l’accès à Internet. Ce dernier est le cœur de l’économie numérique. Il faut que nous ayons les infrastructures à haut débit qui permettent une bonne circulation des données. La conciliation des deux départements aura pour résultats plus d’actions dans le secteur, plus d’efficacité et de convergence.

L.D.B. Avez-vous suffisamment du haut débit pour développer les services de cette économie numérique ?

L.J.I.  Nous en avons trop ! Et ce n’est pas assez utilisé. Jusqu’à présent nous n'avons connecté que de grandes entreprises, les fournisseurs d’accès Internet, les sociétés de téléphonie mobile, le secteur pétrolier et autres sociétés qui consomment une importante capacité. Cependant, les ménages ne sont pas connectés. C’est justement l’objectif de la 3ème phase du Projet de couverture nationale en télécommunications (PCN). Notre bande passante est sous-utilisée. C’est l’une des raisons pour laquelle nous avons instruit Congo Télécom, notre opérateur public, de mettre à Brazzaville des points Wifi gratuit, dans le cadre de la démocratisation de la fibre optique, tel qu’instruit par le chef de l’Etat.

L.D.B. Pourtant cette 3ème phase du PCN peine à se concrétiser…

L.J.I. : Nous avons finalisé le projet de financement de la 3ème phase du PCN. Le projet de lois a été approuvé à l’unanimité dans les deux chambres du Parlement. Nous allons le réaliser avec un financement de nos partenaires chinois, Huawei en l’occurrence. Cette 3ème phase permettra l’interconnexion maximum de ménages. Une étude sérieuse faite par la Banque mondiale montre que si nous arrivons à connecter en très haut débit 10% de ménages dans les grands centres urbains, nous pourrons rapporter 5 points de croissance au niveau de notre PIB. Donc le challenge que nous avons c’est de connecter le maximum de Congolais. Lorsque vous arrivez à Congo Télécom, vous allez voir qu’il y a une triple Play qui est présentée, capable d’offrir la télévision, l’Internet et le téléphone. Mais, ce service n’arrive pas dans les ménages. La connexion à Internet des ménages créera de la richesse et de la plus-value.

L.D.B. L’une des exigences de cette 3ème phase porte sur les services. Comment comptiez-vous booster la création d’un contenu local efficace ?

L.J.I. : C’est le travail que nous avons déjà amorcé. Nous avons envoyé au secrétariat général du gouvernement un avant-projet d’arrêté pour mettre en place une commission permanente du numérique. Elle permettra au gouvernement, à travers notre département, d’avoir une vision globale et stratégique sur l’économie numérique. Il y a eu des assises du numérique avec mon prédécesseur. Elles n’ont pas abouti à un plan d’action. Notre ambition c’est d’avoir déjà, à très court terme, une vision d’ensemble à travers cette commission qui va proposer, dans les jours qui suivent, des actions concrètes pour que le citoyen congolais vive cette économie numérique.

L.D.B. Avec quelle stratégie envisagez-vous de le faire ?

L.J.I. : Dans ce cadre, notre stratégie vise également à déployer les bureaux de postes, avec l’installation des centres multimédias avec Internet pour rapprocher les citoyens de l’administration. Dans le même élan, dans le cadre des actions à réaliser dans les 100 jours de notre reconduction au gouvernement, nous avons bénéficié d’un financement de la BAD pour le projet CAB en ce qui concerne l’interconnexion par fibre optique des pays limitrophes. Dans le cadre de ce projet, nous allons mettre en place un data center pour développer l’e-gouv et l’intranet gouvernemental.

L.D.B. Cet écosystème appelle, comme vous le savez, un soubassement institutionnel et juridique. Où en êtes-vous avec les lois attendues.

L.J.I. : il y a des textes qui sont en phase de relecture que nous allons présenter très vite en conseil de ministres. Des textes sur la cybercriminalité, la cryptologie, la cybersecurité, sur les données personnelles. Il nous reste deux textes qui sont au niveau de la Cour suprême.  Lorsque nous aurons l’avis de cette dernière sur ces textes, nous présenterons tout cet arsenal juridique.

L.D.B. Pensez-vous comme plusieurs experts qu’il est nécessaire de créer une agence du numérique, à l’image de l’Arpce, pour gérer le cyberespace ?

L.J.I. : La création d’une éventuelle agence devra attendre les conclusions de la Commission permanente de l’économie numérique pour voir comment gérer cet écosystème. Il ne s’agit pas seulement de créer des agences ou de les superposer. Il s’agit d’être d’abord efficace avec ce que nous avons. Est-ce que les administrations qui existent déjà jouent pleinement leur rôle ? Est ce qu’il ne conviendrait pas de renforcer les agences?  Notre objectif c’est d’abord la mise en place de cette Commission permanente qui fera des propositions concrètes.

L.D.B. Monsieur le ministre, les entrepreneurs et startups du secteur espèrent plus d’attention du département. Qu’est ce qui est prévu pour soutenir ces acteurs ?

L.J.I. : Le gouvernement le fait déjà dans la formation à travers l’Arpce. Vous devrez savoir que l’argent dévolu à des incubateurs comme Yekolab vient du gouvernement par le truchement de l’Arpce qui est un organe sous-tutelle. Mais dans le cadre du projet CAB, nous allons mettre en place un fonds du numérique. Il ne sera pas moins de 500 millions de FCFA pour permettre aux jeunes d’être accompagnés. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Le ministre Léon Juste Ibombo, dans son bureau, montrant sur son écran d'ordinateur un des projets prévu par son département

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