Interview : un premier module de l’Université de Kintélé à livrer en fin d’année

Jeudi 21 Septembre 2017 - 20:30

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La société Unicon, chargée des travaux de construction de l’Université Denis Sassou N’Guesso de Kintélé prévoit de livrer un premier module de l’ouvrage à la fin de cette année. Son président directeur général, Serge Pereira l’a indiqué dans une interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville.

Les Dépêches de Brazzaville : Depuis 3 ans vous êtes sur le chantier de l’université de Kintélé, et nous constatons que le site n’accueille pas encore des étudiants comme cela était annoncé dans les prévisions.  A quoi est dû ce retard ?

Serge Pereira : Nous avons signé le contrat en 2013, cela fait déjà 4 ans. Evidemment, ce projet a sans doute démarré à la mauvaise période puisque le pays est rentré en crise à cause de la baisse des cours du pétrole. Pourtant, nous avions bien démarré. Mais, du fait des retards des paiements, nous avons dû ralentir les travaux. Au départ, nous avions un peu plus de 2000 travailleurs, progressivement les effectifs ont fortement baissé. Nous avons même dû, à un moment, arrêter momentanément à cause des problèmes financiers, parce que l’Etat ne pouvait plus assumer le calendrier des paiements du projet.

 

LDB : Actuellement qu’est-ce qui se fait précisément sur le terrain ?

SP : Ce qu’il est important de savoir c’est qu’au départ, selon le contrat l’ouvrage devrait être livré trois ans après. Mais, vu l’étendue du projet, nous avons mis sur pied ce que nous appelons face-trac. Donc, on construit tout en même temps pour pouvoir livrer en moins de trois ans. Evidemment, il fallait que cela aille de pair avec les paiements. Ce qui s’est passé ensuite c’est que nous avons dû changer, pour adapter le calendrier de livraison à la volonté du chef de l’Etat qui veut, malgré les problèmes financiers, ouvrir l’université par module. Effectivement cela est raisonnable parce que quand nous voyons l’étendue du campus réalisé, correspondant à 10% du projet, on réalise qu’un énorme travail est déjà fait.

LDB : Justement, quel est le taux d’exécution du chantier ?

SP : Il est dit que les travaux sont exécutés à 27%. Par rapport au plan que nous avons mis en place avec les ministères en charge des grands travaux et des finances, nous optons comme je l’ai dit tantôt pour une livraison par phase, afin de permettre l’ouverture de cette université, dès la prochaine rentrée, aux étudiants qui sont en attente. Nous sommes donc sur l’option B grâce à laquelle nous envisageons la livraison d’une partie de l’ouvrage à la fin de cette année. C’est ainsi que nous avons créé une route d’entrée, sélectionné les bâtiments importants pour l’administration, pour les trois premières facultés qui seront les premières à s’installer. Par ailleurs, nous avons fait un calendrier des paiements avec le ministère des Finances qui, jusque-là, a plus ou moins respecté ses engagements. Nous restons patients mais nous nous engageons aussi en tant qu’entreprise congolaise. Nous avons mis des ressources pour préfinancer en partie certains travaux, surtout ce qui concerne l’approvisionnement en matériel (carreaux, fenêtres). Nous avons aujourd’hui pratiquement 200 conteneurs au port de Pointe-Noire, leur arrivée à Brazzaville permettra d’accélérer les travaux.

LDB : Les chiffres sur le taux d’exécution des travaux paraissent un peu globalisant par rapport aux détails que vous donnez… Voyons plutôt la réalité de terrain aujourd’hui ; qu’est-ce qui a été fait et qu’est-ce que vous allez faire jusqu’à la fin de l’année pour qu’une partie de l’université ouvre ses portes ?

SP : La première phase a concerné les résidences. Nous avons démarré par les résidences des professeurs qui sont réalisées à environ 60%. Il s’agit des deux grands bâtiments qui surplombent le campus. Ensuite, 60% de toutes les fondations des immeubles sur le campus sont prêts, sachant que les fondations représentent à peu près 20 à 25% de l’immeuble. Nous allons livrer ces trois facultés. Donc il y a quatre blocs d’immeubles sur la première ligne dont les travaux avancent à cet effet. De même que nous allons livrer la ligne cafeteria, un grand amphithéâtre, toutes les routes d’accès à l’université, puis un immeuble à l’entrée où seront logés les services de sécurité pour les étudiants et le bureau des pompiers. 

LDB : Vous avez évoqué l’engagement du gouvernement, vous pensez que cela est suffisant pour tenir ce programme de rentrée modulaire des étudiants ?

S P : En fait, tout dépend des ressources. Si on nous paye bien, nous pouvons engager plus du monde, nous avons du matériel, nous avons investi à Kintelé près 18 milliards FCFA pour faire un centre industriel. Nous avons monté la première usine complètement automatisée des préfabriqués au Congo, parce qu’au départ nous nous sommes dits qu’il fallait aller très vite. Ces équipements nous permettent de produire vite des blocs, des dalles et des colonnes, malheureusement cela n’a pas suivi. Mais, comme il y a une vraie volonté de l’Etat comme il nous l’a démontré déjà, nous espérons.  Il y a également un budget prévu pour l’équipement de cette première phase qui nous a été fourni par le ministère de l’Enseignement supérieur qui prépare également tout ce qui est transfert académique vers l’université Denis Sassou N’Guesso. Je pense qu’ils seront prêts, il n’y a aucune raison qu’ils ne le soient pas.

LDB : Le Premier ministre parlait des érosions qui menacent le site, cela fait-il partie de votre cahier des charges ou est-ce un dossier à part ?

SP : Non ! Cela fait partie de notre travail ; nous avons pris un terrain naturel sur lequel nous avons fait un terrassement pour construire les bâtiments. Le problème c’est que, ayant arrêté les travaux quelques mois, il y a eu de très grosses pluies qui ont dérangé les fondations que nous devons refaire. Et on a expliqué au Premier ministre que si on laissait le chantier à l’état d’abandon on se retrouverait dans six mois encore avec beaucoup de choses à réparer et cela est un gaspillage à éviter.

Christian Brice Elion et Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Serge Pereira et la responsable d'Unicon au Congo

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