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Vers la paix en Libye : l’espoir enfin !

Samedi 30 Septembre 2017 - 13:33

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Il aura donc fallu six longues années et une terrible série de drames humains pour que l’Union Africaine parvienne à faire entendre la voix de la raison sur la scène internationale. Six années qui ont fait de la Libye, longtemps stable même si elle n’était pas un modèle de démocratie, une zone de non-droit où prolifèrent les pires trafics, où s’entassent dans d’épouvantables conditions les migrants africains chassés de leurs pays par la misère et par la guerre, où se préparent aussi les attentats qui visent et viseront de plus en plus les pays riches de l’hémisphère nord.

Si l’espoir renait c’est parce que les Africains ont décidé de se libérer de l’emprise diplomatique et stratégique dans laquelle prétendaient toujours les enfermer les puissances à l’origine directe de ce qui apparaitra demain comme l’un des plus terribles drames humains du siècle présent. Ayant constitué un Comité de haut niveau chargé de trouver une issue pacifique à la crise générée en 2011 par l’assassinat de Mouammar Kadhafi qu’avaient commandité et soutenu la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, les dirigeants africains sont sur le point de réussir là où ces mêmes puissances ont échoué sans appel.

Avançant pas à pas en prenant soin de n’écarter personne, l’Union Africaine s’emploie en effet à convaincre les différents protagonistes libyens de se réunir autour de la même table pour faire taire leurs différends, de mettre en place un processus crédible de marche vers la paix, de restaurer l’unité de leur pays grâce à la mise en place d’institutions adaptées aux réalités de la société libyenne, bref de parvenir à un accord durable qui ne soit pas dicté par des puissances extérieures mais le fruit d’un véritable consensus. Et même si cet objectif n’est pas encore atteint tout semble indiquer aujourd’hui qu’il devient lentement mais sûrement une réalité comme l’ont montré les réunions qui se sont tenues récemment à Brazzaville.

Pour bien comprendre ce qui se passe aujourd’hui il faut se souvenir qu’il y a six ans, alors que la Libye était secouée à son tour  par le « printemps arabe », l’Union Africaine avait demandé à plusieurs de ses dirigeants – parmi lesquels figurait le président Denis Sassou N’Guesso – de se rendre en Libye pour tenter de prévenir le drame. Agissant au péril de leur vie ceux-ci avaient réussi à convaincre Mouammar Kadhafi de se retirer en mettant en place un régime de transition qui protègerait le peuple libyen contre ses propres divisions. Mais hélas, les puissances occidentales, ne tenant aucun compte de cette avancée décisive vers la paix, décidèrent d’abattre le « guide » avec les conséquences dramatiques qui en découlèrent.

Etant donné ce qui précède aucune puissance extérieure au continent n’a aujourd’hui la moindre légitimité dans la recherche d’une solution au conflit né de leur ingérence absurde alors que l’Union africaine, elle, est reconnue par les frères ennemis comme la seule autorité capable de les aider à trouver une issue pacifique au conflit. Nous en avons eu une nouvelle preuve la semaine dernière à Paris lorsque le président du Haut conseil des tribus et des villes de Libye, Ageli Abdulslam Breni, a pris la parole  lors d’un colloque organisé par trois institutions – dont l’Institut Robert Schuman pour l’Europe que préside désormais l’ancienne ministre de la Francophonie Yamina Benguigui –  pour affirmer sous les applaudissements unanimes de la salle : « Nous n’accepterons aucune autre médiation  que celle de l’Union Africaine ».

Disons-le clairement au risque de choquer les bonnes âmes qui peuplent les cercles littéraires parisiens tel l’écrivain Bernard Henry Lévy : les puissances extérieures qui sont à l’origine du drame que vit la Libye feraient bien de battre leur coulpe et d’aider les Africains à résoudre ce problème au lieu de tenter à nouveau de se substituer à eux. Ils commenceraient ainsi à restaurer leur image et, surtout, lutteraient de façon efficace contre les désordres que génère chez eux l’afflux incontrôlable et incontrôlé des migrants provoqué par leur inconséquence, afflux  que seule la constitution d’un véritable  Etat  en Libye parviendra à freiner.

Puisse ce conseil de simple bon sens être entendu par ceux auxquels il est adressé !

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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