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L'intégration régionale, clé de l'émergence

Lundi 6 Novembre 2017 - 10:54

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Le Sommet qui a réuni à N'Djamena, le 31 octobre, les plus hautes autorités des six pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) a permis d'effectuer un pas en avant significatif sur la voie de l'intégration régionale de cette partie du continent, avancée qui n'a rien de factice puisqu'elle permettra à brève échéance la libre circulation des personnes et des biens. Mais il n'a pas résolu le problème de la division qui se pose à cette région en raison du découpage territorial effectué à l'époque coloniale, lors du Traité de Berlin notamment, découpage qui ne tenait aucun compte des réalités humaines, sociologiques forgées tout au long des millénaires précédents.

 

Trois entités institutionnelles composent aujourd'hui le Bassin du Congo, cet immense espace naturel qu'unit un fleuve unique et ses nombreux affluents, le fleuve Congo : la Cémac, la CEEAC (Communauté économique des Etats d'Afrique centrale), la CIRGL (Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs). Constituées au fil du temps sans jamais tenter de se rassembler dans un ensemble unique dont l'influence serait sans commune mesure avec celle de chacune d'elles, ces différentes institutions rassemblent au total quinze nations qui ont une histoire commune, d’étroites parentés ethniques, un environnement unique, des us et coutumes proches, bref des liens de parenté forts que le temps n'a pas dissous et ne dissoudra jamais.

 

Dans le moment présent où ces mêmes nations manifestent leur volonté d'abaisser les frontières artificielles qui les divisent en bâtissant le Fonds bleu du Bassin du Congo qui leur permettra de mettre en valeur le capital naturel, immense et intact il faut le souligner, dont elles sont détentrices, rien n'est plus important que de rappeler le rôle déterminant que jouera inévitablement l'intégration régionale dans leur développement à venir. Tout comme cela s'est passé en Chine, aux Etats-Unis, en Europe, en Russie, l'ouverture des frontières entraînera dans cette partie de l’Afrique, à très court terme, une croissance des échanges de toute nature qui génèrera elle-même un progrès économique et social dont précisément ces puissants groupes de nations donnent une idée précise sur les autres continents.

 

Le mouvement qui s’amorce sera d'autant plus fort qu'au-delà des langues et des idiomes parlés par les différents peuples de la région, l'usage commun du français facilitera considérablement la mise en place des institutions sans lesquelles la communauté régionale relèverait toujours de l'utopie. Il ne se heurtera pas, en effet, aux obstacles qui naissent inévitablement du manque de compréhension que suscite dans un même espace géographique l'usage de langues différentes.

 

Dans le même temps où les pays de la Cémac s’emploient à donner un contenu concret à leur volonté de rapprocher les peuples de la sous-région Afrique centrale tout entière, et pas seulement les six pays membres de cette organisation, devraient s’attacher à rassembler dans un ensemble unique, structuré, organisé les différentes communautés qui y cohabitent. Ils accélèreraient en effet considérablement le processus conduisant à l’émergence du Bassin du Congo et effaceraient probablement en moins d’une décennie les nombreux obstacles qui s’élèvent sur cette route.

 

Pour dire les choses de façon encore plus claire, la mise en place du Fonds bleu offre une magnifique occasion de franchir une étape décisive sur la voie du développement durable en fédérant les trois communautés qui aujourd’hui se côtoient en feignant de s’ignorer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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