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Resserrer les liens en Afrique centrale

Lundi 13 Novembre 2017 - 10:06

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Comme si on leur avait tous donné une tape dans le dos pour les secouer, les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), ont enfin décidé à l’unisson de se bouger. En actant, au 31 octobre passé, la libre circulation de leurs populations dans le vaste espace verdoyant de 3 020 144 kilomètres carrés, qui a le défi de nourrir un peu plus de 44 millions* de bouches et leur assurer un avenir radieux au contact des autres peuples d’Afrique et du monde.

Dotée à des degrés divers d’importantes ressources du sol et du sous-sol, la zone Cémac a les intelligences nécessaires pour se porter au-devant de ses ambitions d’émergence si elle y met une ferme volonté politique. Si les Etats qui la composent refusent de se recroqueviller sur eux-mêmes, si les dirigeants érigent la concertation permanente en adversaire des luttes d’influence aussi aléatoires que ces potentialités en hydrocarbures, minerais et bois, sur lesquelles, souvent, ils essayent de se construire une improbable autonomie.

S’unir, resserrer les liens, accorder un peu plus d’attention aux problèmes d’intégration inventoriés depuis les premières années d’indépendance dans le cadre de l’ex-Union douanière et économique de l’Afrique centrale (ancêtre de la Cémac), consolider et démocratiser davantage les institutions publiques, voilà les chantiers du moment. Car parmi les 44 millions d’habitants qui constituent la population de cette sous-région, les jeunes sont la couche la plus importante, et ses besoins plus que pressants. Cette couche regorge le plus de chômeurs, et chacun sait que l’absence de solutions à leurs demandes est, cela est le cas pour toutes les autres régions du monde, un tsunami en devenir.

Ayant enfin souscrit à l’ouverture des barrières physiques et psychologiques qui les cernaient, Camerounais, Centrafricains, Congolais, Gabonais, Equato-guinéens et Tchadiens peuvent désormais aller et venir d’un bout à l’autre de leur espace géographique commun. A condition, évidemment, de se conformer aux dispositions réglementaires en vigueur.

Comme l’enseigne ce dicton africain, lorsque vous élargissez le périmètre de votre champ de plantations, attendez-vous à réévaluer le nombre d’arbres à abattre. Le rapprochement que les pays de la Cémac viennent de décider devra donc, en tout état de cause, s’accompagner de mesures de contrôle aux frontières facilitées par la fiabilité des documents de voyage délivrés aux citoyens. Car au même moment pourraient s’amplifier des trafics de toutes sortes dans un environnement déjà exposé à l’activisme de « forces négatives », pour emprunter l’expression des experts en la matière, quand ils désignent les bandes terroristes qui mènent la vie dure aux puissances publiques.

Une dernière requête d’ordre protocolaire : comment nommerait-on les habitants de la Cémac, et plus largement d’Afrique centrale ? Centrafricains ? On serait tous assimilés aux frères de la République centrafricaine : Cémaceillais et Cémaceillaises ? On ne sait pas.

A moins que la RCA redevienne Oubangui, pas nécessairement avec le complément Chari, et que donc Centrafricain devienne, comme on a Ouest-africain, l’appellation pour désigner les peuples de cette grande famille dont les trois langues officielles, le français, l’anglais et l'espagnol, adossées aux nombreuses autres langues véhiculaires et maternelles sont une richesse culturelle inestimable.

 

 

*source commission Cémac 

 

Gankama N'Siah

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