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Que peut-il sortir du Sommet d'Abidjan ?

Lundi 27 Novembre 2017 - 10:52

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L'on ne saurait dire honnêtement que les sommets ayant réuni ces dernières années les plus hautes autorités des pays membres de l'Union africaine et de l'Union européenne ont resserré de façon significative les liens qui unissent les deux continents. Plus marquées par la parole que par l'action, ces réunions n'ont guère permis jusqu’à présent de mettre sur pied la coopération véritable que justifient la proximité géographique, la longue histoire commune et la parenté culturelle des quelques quatre-vingt nations qui les composent.

Il se trouve cependant que le Sommet qui se tiendra mercredi et jeudi à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, pourrait déjouer le pronostic pessimiste posé par la majorité des observateurs de la scène diplomatique dans les deux camps et qu'au final surgissent de cette nouvelle rencontre des avancées significatives dans le domaine de la coopération. Trois évènements se combinent, en effet, pour inciter les chefs d'Etat et de gouvernement africains et européens à revoir rapidement leur copie pour s’entendre sur l’essentiel qui est la sécurité respective des deux groupes de nations.

° Le premier de ces évènements est la montée continue du terrorisme en Afrique et en Europe. Générée par un extrémisme religieux qui surfe lui-même sur le sous-développement, déplacée vers l'Afrique en raison de l'effondrement des Califats et autres Etats islamiques qui se sont installés  au Proche et au Moyen-Orient à la faveur des guerres d’Irak et de Syrie, favorisée par l'implosion de la Libye et la déstabilisation de la zone sahélo-saharienne qui en a résulté, cette montée fait désormais planer sur les nations du Nord comme sur les nations du Sud une menace que seule pourra conjurer une entente réelle entre l'Afrique et l'Europe.

° Le deuxième de ces évènements est la prise de conscience par les nations riches de l'hémisphère nord du fait que fermer les yeux sur la réalité du terrorisme, sur ses racines, sur ses moyens ne peut avoir comme conséquence, à terme rapproché, que d'aggraver le mal au lieu de le guérir. Pour combattre l'extrémisme sous toutes ses formes qui surfe sur la pauvreté et sur l'ignorance, il n'est pas d'autre politique envisageable que celle du développement durable, de l'émergence économique, de la paix sociale et de l'éducation. Autant de progrès que seule la mise en place d'une coopération équilibrée permettra d'obtenir.

° Le troisième de ces évènements est la venue au pouvoir d’une génération d’hommes et de femmes qui a une vision claire des défis du temps présent et qui, de ce fait, est consciente de l'importance que revêt désormais l'établissement entre l'Afrique et l'Europe d'un partenariat fondé non plus sur la domination mais sur l'échange. Sur ce nouveau terrain, l'on peut être certain que le nouveau président français, Emmanuel Macron, se montrera très actif, très entreprenant, très inventif même durant son premier quinquennat car il est intimement convaincu de la nécessité de donner un nouvel élan à la coopération Nord-Sud.

Ajoutons à ce qui précède que la réapparition de l'esclavage, pas seulement en Libye comme le soulignent nombre d’observateurs de la scène africaine, réveille de terribles souvenirs dans les deux groupes de nations qui débattront cette semaine à Abidjan. Et ce rappel brutal du passé tragique qui lie les deux continents depuis plus de cinq siècles pourrait bien amener leurs dirigeants à tenter d’écrire une nouvelle page de cette Histoire commune.

Si l’on y réfléchit bien, le prochain Sommet Afrique-Europe offre une belle occasion de refonder la relation entre les deux continents. Voyons si cette occasion sera saisie, comment et par qui !

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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