One Planet Summit : une énième messe de promesses loin des enjeux ?

Samedi 23 Décembre 2017 - 11:34

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Après les engagements internationaux pris pour lutter contre le changement climatique, certaines voix s’élèvent pour les condamner, les dénoncer ou les récuser. En voici un extrait.

La France s'est engagée à mobiliser 1,5 milliard d'euros d'ici à 2022 pour l'adaptation au changement climatique - soit une augmentation de trois cents millions par rapport à l'engagement déjà pris lors de la COP21. Selon Oxfam, une confédération qui agit « contre les injustices et la pauvreté », « cette annonce est insuffisante par rapport aux besoins des victimes du changement climatique, à la responsabilité historique de la France dans les émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu'au regard de l'ambition déclarée d'Emmanuel Macron de se poser en champion du climat au niveau international ».

Pour Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat et énergie à Oxfam France : « Nous attendions de la France qu'elle double ses financements pour l'adaptation au changement climatique pour atteindre 2,4 milliards d'euros par an d'ici à 2022. Nous ne cachons pas notre déception face à une annonce insuffisante qui ne prend pas au sérieux les impacts croissants du changement climatique sur les populations les plus pauvres. Cette annonce ne change pas radicalement la tendance : en 2020, la France consacrera à peine un tiers de ses financements climat à l'adaptation, alors même que l'Accord de Paris vise un équilibre entre réduction des émissions et adaptation. Le message ainsi envoyé aux autres pays donateurs, et aux populations vulnérables, alors que la France prétend montrer l'exemple en matière de lutte contre le changement climatique, n'est pas du tout à la hauteur des enjeux. »

Même son de cloche pour le Réseau action climat : « Le sommet a débouché sur un flot d'engagements de banques, d'entreprises, de collectivités locales, et même de pays du Sud. Certains engagements sont à saluer, comme celui d'Axa de désinvestir et de réduire ses soutiens assurantiels au charbon et aux sables bitumineux ou celui de la Banque mondiale de cesser de financer l'exploitation du pétrole et du gaz après 2019. Ils ne sont qu'un début et doivent faire effet boule de neige auprès de l'ensemble des acteurs pour qu'au plus vite, pas un euro de plus ne soit attribué aux énergies fossiles. Mais dans l'ensemble, les annonces, nombreuses et peu lisibles, se sont surtout contentées de “réchauffer” d'anciens engagements ».

Au-delà des insatisfactions sur les montants mis sur la table, c'est bien « l'absence de dispositif de suivi assurant la transparence des engagements et des financements alloués doublé d'une absence totale de sanctions en cas de non-respect » qui posent un vrai problème, comme le souligne le groupe Europe Ecologie les Verts (EELV). Tout comme l'Accord de Paris, il ne s'agit là encore que de promesses, or l'urgence climatique impose maintenant que « ces engagements se traduisent dans la réalité, et ne servent pas qu'à fleurir les plaquettes de communication des fonds, assureurs et banques qui les ont pris », surenchérit EELV.

La coalition d'ONG Alliance pour l'environnement et la santé a calculé que la France perdait en soins de santé liés aux dommages provoqués par les pollutions des énergies fossiles douze fois ce qu'elle investissait en subvention dans ces mêmes énergies. Autrement dit, les Français paient ces énergies trois fois : par leur épargne, déposée dans les banques qui financent les énergies fossiles ; par leurs impôts, en subventions directes et indirectes ; et via leurs cotisations à notre système de santé.  « Le One Planet Summit n'a clairement pas permis de relever l'ambition des politiques climatiques internationales. Entasser des annonces disparates, provenant pour une bonne part d'acteurs économiques, financiers et institutionnels dont les activités et (in)décisions des années passées ont nourri l'aggravation du réchauffement climatique, ne peut se substituer aux mesures courageuses et visionnaires dont nous avons besoin aujourd'hui », énonce avec pertinence Attac France.

Ne soyons pas dupes, les grands décideurs financiers exploiteront les annonces (sans contraintes) du One Planet Summit pour reverdir leur image tout en continuant à investir dans ce qui est rentable et donc potentiellement très polluant, dénonce-t-il.

Josiane Mambou Loukoula

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