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2018, année de tous les dangers ?

Mardi 2 Janvier 2018 - 11:35

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Cette question de nombreux, très nombreux observateurs se la posent aujourd’hui avec angoisse car l’environnement international ne cesse de se dégrader, faisant planer sur des régions entières de la planète des menaces inédites. Sans prétendre épuiser le sujet, voici, résumés en quelques mots, les dangers majeurs que court la planète des hommes en ce début d’année.

Le premier danger provient de la compétition qui dresse les grandes puissances les unes contre les autres. Jusqu’à présent dominée par les Etats-Unis et leurs alliés européens, la sphère mondiale se divise à nouveau lentement mais sûrement en trois et probablement même en quatre pôles qui, manifestement, sont plus mus par la volonté de domination régionale que par la recherche de solutions pacifiques aux différends qui les opposent. Chacun dans leur camp les Etats-Unis, la Russie, la Chine, mais aussi l’Inde dans un avenir très proche affirment cette volonté de puissance. S’ils ne sont pas encore au bord de l’affrontement armé, ils n’en sont plus très loin comme on le voit en Europe Orientale, en Asie du Sud, au Proche-Orient. Croire que la raison l’emportera sur l’usage de la force n’est pas autre chose que commettre à nouveau les erreurs commises sur le Vieux continent dans la première moitié du siècle précédent lorsque, par deux fois, l’Allemagne provoqua une guerre mondiale.

Le deuxième danger, tout aussi prégnant même s’il est moins visible, concerne la montée de l’extrémisme religieux au Proche et au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe. Certes celui-là ne peut pas se traduire par la conquête de territoires qui deviendraient des Etats terroristes comme le prouvent les échecs subis ces derniers mois  par Daech ou l’Etat islamique en Syrie et en Irak, mais il étend ses tentacules comme une pieuvre cachée dans les rochers et nourrit à juste titre une crainte dans les nations du Nord comme du Sud qui, elle-même, favorise la résurgence de forces politiques plus portées pour se protéger à user de la force qu’à dialoguer. La percée récente des partis d’extrême droite dans plusieurs pays de l’Est européen montre que les vieux démons incarnés par le nazisme, par le fascisme ou l’antisémitisme sont bien vivants  et ne demandent qu’à se réveiller au risque de mettre en danger le mouvement lancé dans les années cinquante du siècle précédent pour unifier la Vieille Europe et lui permettre de vivre enfin en paix avec elle-même.

Le troisième danger, encore plus difficile à prévenir, nait du développement pour le moins anarchique des nouvelles technologies de la communication qui fait exploser les barrières traditionnelles élevées entre les Etats et qui risque de provoquer un désordre jamais connu dans les rapports entre Etats. Au-delà de la désinformation que favorise le développement des réseaux sociaux qui surfent sur le web, l’on perçoit, en effet,  dès maintenant que les grandes puissances se dotent en sous-main de moyens leur permettant non seulement de surveiller en toute impunité les échanges d’informations de toute nature, y compris les plus confidentielles, mais également de trafiquer la vérité et donc d’influer de façon subtile sur la vie des peuples. Si l’on n’y prend pas garde et si l’on n’élève pas très vite des garde-fous contre cette propagande qui ne dit pas encore son nom, l’on peut être certain qu’un jour ou l’autre une guerre informelle dressera les grandes puissances les unes contre les autres.

Ce qui précède ne signifie évidemment pas que le pire sortira à coup sûr de l’année nouvelle dont nous avons vécu les premières heures dans la nuit de dimanche à lundi. Mais ce qui en ressort à coup sûr c’est que jamais le dialogue entre les nations n’a été aussi important, aussi nécessaire, aussi vital pour la communauté humaine.

Espérons donc que la sagesse l’emportera et qu’une réforme en profondeur de la gouvernance mondiale réduira en 2018 les risques de conflits qui se dessinent à nouveau sur l’échiquier planétaire.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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