Transition écologique : les bases de la finance climatique en Afrique

Mercredi 31 Janvier 2018 - 12:36

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Fruit du consensus des 194 gouvernements depuis 2011, le Fonds vert pour le climat (FVC) est le mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Il fait partie des Fonds verts financés par 1100 investisseurs publics et privés pour 32 000 Mds € (Cop21). Sa valeur s’élèvera à 100 Mds $ (Cop16) d’ici 2020-2025 pour soutenir les projets et programmes ayant un potentiel transformationnel maximum vers des économies bas carbones et résilientes y compris en Afrique.

1) De la structure du FVC : Ce fonds comprend deux composantes complémentaires:  l’atténuation des effets climatiques  qui finance la production et l'accès à l’énergie, les transports, les forêts et l'utilisation des terres, les bâtiments, les villes, les industries et l'appareillage d'une part; et l’adaptation qui finance la santé, l'alimentation et la sécurité hydrique, les moyens de subsistance des personnes et des communautés, l'environnement de l'immobilier et des infrastructures, les écosystèmes et les services écosystémiques d’autre part. Plus de cinquante-quatre projets et programmes sont financés dans quarante-six pays, pour 3,57 millions de bénéficiaires qui sont menacés par le retrait des Etats-Unis des accords de Paris de 2015.

2) Aux règles d’allocation qui prévoient une répartition équilibrée entre atténuation et adaptation climatiques, une allocation minimale de 50% des ressources d’adaptation pour les pays les plus vulnérables, incluant les pays les moins avancés, les Etats africains et les petits Etats insulaires en développement, une allocation significative de ressources à la facilité secteur privé, et une répartition équitable et équilibrée géographiquement maximisant l’impact transformationnel et l’échelle des projets. Vingt-et-un pays se sont engagés à verser 9,3 Mds $ lors de la première réunion de capitalisation du fonds à Berlin en 2017. Les Etats-Unis apportent 3 Mds $, le Japon 1,5 Md $, le Royaume-Uni 1,1 Md, la France et l'Allemagne, un milliard chacun. Le Mexique apporte dix millions $, le Panama, un million et la Mongolie 50 000$ sous forme de dons ou de prêts de 2015 à 2018. 

3) Vers plus de projets verts inclusifs en Afrique : les coûts d'adaptation en Afrique se situent entre 20 et 30 Mds $ par an pour les dix prochaines années et les coûts suscités par l’atténuation atteignent 12 Mds $ (BAD, 2012). Sur les treize projets africains éligibles, 46,15% seulement ont obtenu des financements. Après la Cop 22, l’Afrique du Sud a bénéficié d’un programme de 2,44 millions $ pour financer quatre projets approuvés par le programme de micro financement, intégrant l’amélioration de la collecte des eaux et l’installation de techniques d’économie d’eau, par l’introduction de toilettes sèches, et l’utilisation des terres ainsi que des ressources en eau par une coopérative dans le nord de Cape Town.

La Cop 23 a permis à deux autres pays africains d’obtenir le financement de leur projet pour 168 millions $ dont seulement 190 000 $, contre trois en Asie-Pacifique et trois en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Rwanda a bénéficié de 36,84% des fonds pour soutenir ses projets climat, à travers l’instrument de préparation de projet du FVC. Les 63,16% autres reviennent à la Mauritanie pour renforcer les capacités de ses institutions dans sa stratégie de planification d’adaptation et d’accès au FVC.

La 18e réunion du FVC a approuvé onze projets dont trois en Afrique pour 86,2 millions $ dont 52,20% pour l’Ethiopie qui développe le projet d’approvisionnement d’eau potable, par l’utilisation de l’énergie solaire, en vue d’améliorer la gestion des terres en augmentant la recharge d’eau souterraine et le contenu nutritif des sols. Le Sénégal a obtenu 11,37% de ces fonds pour un projet de renforcement de la résistance climatique du secteur des petits exploitants agricoles avec l’appui du Programme alimentaire mondial des Nations unies.  En fin, l’Egypte a reçu 36,4% de ces fonds pour la protection du delta du Nil contre l’élévation du niveau de la mer, afin de renforcer l’adaptation aux changements climatiques de la côte nord de ce pays, où habite le quart de sa population, par la construction des digues permettant d’éviter les inondations.

Depuis 2016, la Banque africaine de développement (BAD) a obtenu l’accréditation du FVC et s’est engagée à tripler ses financements climatiques actuels jusqu’à 5 milliards $ par an d’ici 2020, afin d’atteindre trente-neuf projets d’investissements pour 2,1 Mds $, financés à 66,67% par la BAD et 33,33% par le FVC. Ainsi, cette synergie qui augmente le volume des projets en Afrique nécessite une adaptation des instruments de la finance climatique aux contingences locales et la formation des utilisateurs pour leur meilleure appropriation.  

 

Emmanuel Okamba maître de conférences HDR en sciences de gestio

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