Eau et électricité : de nouvelles structures en vue d'améliorer la fourniture

Samedi 3 Février 2018 - 14:15

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Réuni le 2 février à Brazzaville, en Conseil des ministres, le gouvernement a approuvé, en raison de leurs contre-performances, la dissolution de la Société nationale d’électricité (SNE) et de la Société nationale de distribution d’eau (SNDE).

« Ces deux sociétés se caractérisaient par une situation technique de quasi-faillite, n’eussent été les subventions versées par l’Etat. Leurs contre-performances en matière de distribution et de commercialisation ont eu pour conséquence de détériorer leurs relations avec leurs clients et usagers respectifs, au point de les rendre exécrables », a expliqué le ministre de tutelle, Serge Blaise Zoniaba, au Conseil des ministres.

En vue d’améliorer les performances de ces deux sociétés, un comité technique interministériel sera mis en place avec comme mission de piloter la réforme des secteurs de l’eau et de l’électricité en concertation avec les acteurs concernés.

En remplacement de ces deux établissements dotés d’une autonomie de gestion, le gouvernement a annoncé la création de trois sociétés anonymes. Un processus piloté par le Premier ministre. Il s’agit, en effet, de la société de patrimoine pour le secteur de l’électricité ; la société de transport de l’électricité et la société de patrimoine du secteur de l’eau.

Selon le gouvernement, le schéma de réformes retenu s’oriente vers la création des sociétés anonymes de droit Ohada, avec un accent à mettre sur une gestion privée et une dimension commerciale plus affirmée.

Parlant de l’électricité, les autorités publiques estiment que le statut de société anonyme est mieux adapté à ce secteur devenu fortement concurrentiel ; car il favorise un management innovant et permet des possibilités multiples dans la recherche d’une plus grande efficacité.

« Ce statut favorise également la mobilisation de ressources non publiques, notamment sur les marchés financiers, tant au plan local qu’international », rapporte le Conseil des ministres.  

En ce qui concerne la SNDE, la société en création sera chargée de gérer le patrimoine hydraulique de l’Etat en zone urbaine et semi-urbaine, par le biais de contrats de délégation de service public conclus entre l’Etat et les exploitants.

« Elle sera l’instrument stratégique de l’Etat dans le secteur de l’adduction d’eau potable, et favorisera l’investissement dans le secteur, avec une faculté de substitution en cas de défaillance d’un opérateur, dans les mêmes conditions que pour le secteur de l’électricité », a renchéri le ministre Zoniaba.     

Défis et attentes des nouvelles sociétés

Disposant de ressources importantes en eau lui permettant à la fois de doter sa population et son industrie d’un accès facilité à l’eau et à l’électricité d’origine hydraulique, ce qui le place parmi les pays dits à ressources pléthoriques en eau, le Congo est loin de combler les attentes de la population en matière d’eau et d’électricité.

A Brazzaville, par exemple, l’Unicef et l’OMS estiment qu’en 2015, 76% de la population congolaise avait accès à un point d’eau amélioré. En milieu urbain, le taux d’accès à un point d’eau amélioré serait de 96% (dont 38% de ménages connectés par réseau à proximité de l’habitation).  Le service d’eau dans les villes reste toutefois intermittent et l’accès à l’eau en zones rurales difficile.

Le secteur de l’eau qui a pourtant mobilisé, ces cinq dernières années, d’importants investissements de la Banque mondiale et d’autres partenaires se caractérise par des coupures intempestives d’eau causées par la qualité du réseau de distribution, en dépit du projet de réhabilitation et de connexion des quartiers, villes et villages lancé à grande pompe par la SNDE.

S’agissant du secteur de l’électricité, il est, quant à lui, handicapé par l’état défectueux de ses infrastructures, malgré l’offre évaluée à plus de 620 mégawatts fournis par la Centrale électrique du Congo (400 MW) à Pointe-Noire, le barrage d’Imboulou (120 MW) dans le district de Ngabé, celui de Moukoukoulou (74 MW) dans la Bouenza et de Liouesso (19 MW), dans la Sangha.

Par ailleurs, en dépit de la libéralisation en 2003 du secteur de l’énergie, suite à l’entrée en vigueur du nouveau Code de l’électricité et l’offre énergétique suffisante, la fiabilité de l’approvisionnement en électricité reste déficitaire. On y relève un réseau vétuste, de pertes techniques conséquentes et une mauvaise gestion de l’électricité par la SNE, qui exerce jusqu’ici, un monopole sur le transport, la distribution et la vente de ce produit.

Le taux de couverture du pays en électricité étant inférieur à 50% dans les villes et estimé à 5,6% en milieu rural, les nouvelles sociétés en création devront ainsi s’atteler à améliorer le réseau de distribution national, qui ne couvre en grande partie que les principales villes du pays. Ce qui oblige la population rurale à recourir à des solutions alternatives comme le pétrole lampant et l’usage des groupes électrogènes, en ce qui concerne l’électricité, au forage et au puits pour l’eau.

Toutefois, le Congo s’étant engagé dans la diversification de son économie, la mise en offre des projets de construction des barrages hydrauliques et électriques de Chollet, à cheval entre le Cameroun et Congo, et celui de Sounda, dans le Kouilou, permettrait de générer une capacité installée d’environ 1500 mégawatts.

 

Guy-Gervais Kitina

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