Déchets plastiques : un champignon favorise une dégradation rapide

Vendredi 16 Février 2018 - 18:35

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Une étude publiée par la revue "Environmental Pollution" a identifié un champignon qui peut dégrader du plastique en deux mois. Les essais se poursuivent encore en vue de l’industrialisation de cette découverte.

6,3 milliards de tonnes de déchets plastiques encombrent l’environnement mondial. Dans une étude, des chercheurs annoncent avoir isolé un type de champignon qui dégrade rapidement les matières plastiques, en particulier le polyuréthanne (PU), dans les dépôts d’ordures.

L'étude, issue d'une collaboration entre des chercheurs du World Agroforestry Centre (ICRAF) et du Kunming Institute of Botany, a montré que le champignon Aspergillus Tubingensis peut décomposer le plastique non biodégradable en quelques semaines, en sécrétant des enzymes qui séparent les molécules individuelles.

Les tests effectués dans le cadre des recherches ont montré qu'après « deux mois en milieu liquide, le film de PU a été totalement dégradé en plus petits morceaux », peut-on lire dans le résumé de l’étude.

Le champignon responsable de cette biodégradation, Aspergillus tubingensis, a été découvert sur des échantillons de sol recueillis sur un lieu d’enfouissement d’ordures au Pakistan. Et sa capacité de dégradation du plastique a été testée de trois façons.

Au terme de ces tests, les chercheurs ont constaté que « la biodégradation du PU était plus élevée lorsque la méthode de culture sur plaque était utilisée, suivie de la méthode de culture en milieu liquide et enfin de la technique d'enfouissement dans le sol ». Mais « nous avons ajouté une source de carbone avant que le champignon n'attaque le plastique. Cette source de carbone aide le champignon dans sa croissance initiale ; et plus tard, il a suffisamment d'énergie pour attaquer le plastique », explique Sehroon Khan, le principal auteur de l’étude.

L’évaluation des capacités de dégradation de ce champignon n’est cependant pas encore terminée. Aussi les chercheurs ne peuvent-ils pas encore déterminer le temps qu’il faut à ce champignon pour dégrader, par exemple, une bouteille ayant contenu des boissons, l’un des principaux constituants des déchets plastiques en Afrique. « Il existe différents types de plastiques et la plupart des bouteilles d'eau sont en polyéthylène, un matériau qui est encore en cours d'expérimentation. Nous espérons que nous publierons bientôt les résultats de ces expériences. », fait remarquer Sehroon Khan.

Une autre étude publiée en juillet 2017 dans la revue "Science Advances", soutient qu’en 2015, quatre cents millions de tonnes de plastiques ont été produites dans le monde et qu'à ce jour, 9% seulement de déchets plastiques sont recyclés, 12% incinérés, et 79% rejetés dans la nature. Puis, il conclut : « Seuls les plastiques biodégradables sont susceptibles d’être détruits par les champignons. Or, on évalue à 1% la proportion des matières plastiques biodégradables. Fort de cela, le fameux champignon va accélérer la dégradation de 1% de ces déchets, chacun peut tirer sa conclusion sur son impact sur la protection de l’environnement ».

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo: Des bouteilles plastiques (DR)

Notification: 

Non