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Comprendre le rôle écologique des tourbières

Samedi 17 Mars 2018 - 11:37

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Dans quelques jours, Brazzaville sera au cœur d’une conférence internationale sur les tourbières, un terme qui entre désormais dans le vocabulaire des Congolais. La troisième réunion sur les tourbières, organisée par le Congo en partenariat avec l’ONU-Environnement et la République Démocratique du Congo (RDC), est, en effet, prévue du 21 au 23 mars, sur le thème « Valoriser les tourbières pour la population et la planète ».

Le choix de Brazzaville pour la tenue de cette rencontre internationale n’est pas anodin, car un groupe de scientifiques a récemment fait la découverte du plus vaste ensemble de tourbières tropicales au monde situé entre les deux Congo, d’une superficie de 145500 km et qui disposerait d’une quantité d’environ trente milliards de tonnes de carbone.

La question fondamentale que chacun se pose est : qu’est-ce qu’une tourbière ? Une tourbière est une zone humide caractérisée par l’accumulation progressive de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique, peu ou pas décomposée, d’origine végétale. C’est un écosystème particulier et fragile dont les caractéristiques en font, malgré des émissions de méthane, un puits de carbone, car il y a plus de synthèse de matière organique que de dégradation. Leur absence favorise les émissions de gaz à effet de serre.

On trouve des tourbières dans le milieu arctique, subarctique, tempéré et tropical. Il existe de nombreux types de tourbières, selon leur latitude, altituderégion biogéographiquegéologie, écologie, etc. Comme les autres zones humides, ces écosystèmes abritent une biodiversité élevée et très souvent des espèces rares, ou devenues rares, ou dont les conditions de vie sont fragiles. La végétation et la faune y présentent souvent des adaptations ou caractéristiques singulières, parfois uniques. La classification des tourbières est encore en discussion dans la communauté scientifique. Il est parfois difficile de faire la distinction entre deux types, ou de « classer une tourbière » dans une catégorie, d’autant qu’il existe des complexes tourbeux composés de deux ou plusieurs types de tourbières.

La majorité des tourbières est située dans les zones de moyenne et haute montagne, près des sources des grands fleuves et rivières. On dit qu’elles sont en « tête de bassin versant ». Comme les autres types de zones humides, elles ont un rôle important dans le cycle de l’eau : rétention de l’eau : les tourbières jouent un rôle de régulation des flux hydriques, en retenant l’eau pendant une période plus ou moins longue avant de la restituer au milieu. Cela est notamment dû aux caractéristiques des sphaignes, qui se comportent comme de véritables éponges. En régulant le débit de l’eau, les tourbières permettent d’adoucir les phénomènes de crue. Et, en restituant progressivement l’eau à son milieu, les tourbières maintiennent un débit d’eau minimal dans les cours d’eau pendant la saison ; filtrage et assainissement de l’eau : les végétaux qui croissent en tourbière permettent de purifier l’eau qui la traverse, en utilisant pour leur croissance les matières minérales et organiques en excès, et permettent ainsi un assainissement de l’eau.

Mais un apport trop important de matières minérales déstabilise le fonctionnement même de la tourbière, en accélérant la dégradation de la matière organique morte, à l’origine même de la formation de tourbe. Passé un certain seuil, la matière organique stockée dans la tourbe est minéralisée, la végétation en surface est modifiée, les sphaignes disparaissent et la tourbière devient inactive. Cette réunion est une illustration supplémentaire du rôle fondamental que doit jouer le Bassin du Congo dans la préservation de l’environnement de la planète.

 

 

 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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