Littérature : Chimamanda Ngozi Adichie, une plume au service du féminisme

Vendredi 13 Avril 2018 - 14:00

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Agée de 41 ans, la Nigériane fait déjà partie des plus grands écrivains africains modernes. Découvrons cette auteure à travers son premier roman, « L’Hibiscus pourpre », publié en 2003 alors qu’elle n’avait que 26 ans.

« L’Hibiscus pourpre », c’est le récit bouleversant d’une famille nigériane aisée, régie d'une main de fer par un père tyrannique, fervent catholique respecté par la communauté. Ses victimes silencieuses et insoupçonnables, Kambili, une jeune fille de 15 ans, son frère, et surtout sa mère, se taisent par honte et par peur des représailles, jusqu’au jour où une éclaircie s’annoncera dans leur quotidien désespéré. Un roman poignant sur un sujet difficile, traité avec pudeur et sensibilité.

Dans ce premier roman de Chimamanda Ngozi Adichie, la narratrice Kambili raconte son calvaire sous le joug d'un père, certes adoré d’elle comme de beaucoup pour ses bonnes œuvres, homme courageux, pieux catholique et riche entrepreneur, mais surtout tyran fanatique et violent dans sa famille. Puis son épanouissement auprès de Tatie Ifeoma et ses enfants, libres, bienveillants et joyeux.

Si le thème des violences familiales est assez classique en littérature, l’originalité vient ici de l’ambivalence du père, côté pile un homme bon prêt à risquer sa vie pour lutter contre la dictature au Nigeria ou à aider sa communauté à bâtir des écoles, et côté face un fils qui a renié son père non catholique, un mari qui frappe sa femme et un père qui n’a aucune tolérance pour les faiblesses de ses enfants.

Le Nigeria est très bien raconté : celui des pauvres comme celui des riches, les atteintes aux libertés comme la corruption mais aussi la cuisine, l’habillement, les traditions, les paysages ou les voitures qui manquent d’essence.

Ce premier roman a été couronné par plusieurs prix, sélectionné pour l’Orange Prize et pour le Booker Prize. En 2005, ce roman est proclamé meilleur premier livre par le Commonwealth Writer’s Prize.

Chimamanda est née à Enugu, au  Nigeria, en 1977. Originaire d’Abba, dans l’État d’Anambra, elle a grandi dans la ville universitaire de Nsukka, où elle a fait sa scolarité. Elle est la cinquième d’une famille de six enfants. Son père était professeur de statistiques et sa mère employée à l’université de Nsukka. À 18 ans, elle part pour les États-Unis. Chimamanda comprend vite que, dans son milieu familial où les professions scientifiques sont portées aux nues, on n’envisage pas la littérature comme un métier. Contre son gré, elle s’inscrit en médecine puis craque dix-huit mois plus tard et décide de s’installer dans la ville de Philadelphie, pour entreprendre des études de communication et de sciences politiques. Elle les réussit avec succès, obtenant la plus haute mention honorifique. Elle continue ensuite à enchaîner les diplômes universitaires (création littéraire, études africaines) jusqu’en 2008. En parallèle, elle commence à écrire. Et c’est durant ses études qu’elle entame l’écriture de « L’Hibiscus pourpre ».

La bibliographie de cette jeune auteure nigériane est riche de plusieurs romans, tous couronnés de succès à l’instar de son deuxième, « L’autre moitié du soleil », publié en 2006 et qui devient le premier roman d’un auteur africain à obtenir le Prix Orange pour la Fiction de la littérature britannique. Ce roman relate l’histoire du Nigeria du début des années 1960 jusqu’à la guerre du Biafra.

Les romans de Chimamanda Ngozi Adichie ont pour thèmes principaux l’histoire du Nigeria, le poids des traditions et la confrontation du monde africain avec la civilisation occidentale, en particulier américaine. Ses ouvrages ont à chaque fois pour personnage principal une femme.

Boris Kharl Ebaka

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