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Réinventer la gouvernance mondiale

Samedi 5 Mai 2018 - 19:36

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Alors que les tensions entre les grandes puissances ne cessent de s’aggraver en différents points du globe sous des prétextes parfois futiles, il apparaît de façon évidente que la communauté humaine doit s’employer maintenant à réformer, ou plus précisément à réinventer, le mode de gouvernance qui lui a permis depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale d’éviter de sombrer à nouveau dans le chaos. Si elle ne le fait pas rapidement, elle risque, en effet, de se trouver confrontée à des conflits qu’elle serait incapable de gérer et qui pourraient provoquer le pire : le pire, c’est-à-dire la mort de  centaines de millions d’êtres humains, la destruction de nations entières, l’accélération des dérèglements climatiques, bref des tragédies sans fin dont chacun d’entre nous, où qu’il vive, subirait les effets dévastateurs.

Il va de soi que ce qui suit ne plaira pas à tout le monde, mais il vaut mieux regarder la vérité en face que de plonger sa tête dans le sable comme l’autruche de la fable afin de ne pas la voir : l’Organisation des Nations unies, qui est censée réunir autour d’une même table les quelque cent-quatre-vingt-dix pays que compte la planète afin de prévenir et gérer les conflits, est aujourd’hui dépassée par les évènements en cours ou en préparation :  son Assemble générale ressemble à une foire d’empoigne dans laquelle chacun fait valoir ses idées et ses prétentions sans écouter l’autre : son Conseil de sécurité ne s’entend jamais sur les questions essentielles dont dépend pourtant la paix pour les générations à venir ; quant aux très nombreuses institutions auxquelles elle a donné naissance au fil du temps, elles sont soit pléthoriques, soit dépourvues des moyens nécessaires pour accomplir leur mission.

Comme l’avait prédit le général de Gaulle, il y a près de cinquante ans, l’ONU est devenue un « machin » ingouvernable que les « Grands » s’efforcent d’utiliser à leur profit tandis que les « Moyens » et les « Petits » tentent de se protéger des dérives de toute nature générées par ses manœuvres. Ce qui s’est passé hier en Corée, au Vietnam, en Afrique du Nord, en Afghanistan, en Irak et qui se passe aujourd’hui sous nos yeux en Syrie, en Libye, dans le Sahel, en Centrafrique ou en République démocratique du Congo démontre l’incapacité des Nations unies à préserver la paix là où elle se trouve menacée. Et dans une époque comme celle que nous vivons où le fanatisme religieux réveille les vieux démons du racisme et de l’ethnicisme, de l’ultranationalisme, cette incapacité à agir porte en elle les pires déviances potentielles.

De la même façon qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale les peuples de la Terre se sont réunis pour bâtir l’ONU, leurs dirigeants présents devraient s’accorder pour réformer l’institution avant qu’il soit trop tard. Et comme les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont incapables de s’entendre pour le faire, ce sont les pays du Tiers-Monde qui, à eux seuls représentant les trois quarts de la communauté humaine, pourraient s’y employer utilement. Si l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du sud coordonnent leurs efforts dans ce sens ni les Etats-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Inde, ni la France ne pourront s’y opposer.

Réinventer la gouvernance mondiale avant qu’il soit trop tard est certainement la meilleure bouée de sauvetage que l’homme moderne puisse utiliser pour conjurer le mauvais sort qui le guette.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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