Lac Édouard : une enquête en cours sur le dernier accrochage entre les Fardc et l’armée ougandaise

Mardi 10 Juillet 2018 - 15:00

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En attendant les résultats des investigations menées par le Mécanisme conjoint de vérification de la Communauté internationale pour la région des Grands lacs (Cirgl), la pêche a été suspendue sur la partie nord du lac, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu).

Il ne fait plus bon, par ces temps qui courent, d’exercer l’activité de pêche sur la partie nord du lac Édouard, au Parc national des Virunga, dans le territoire de Beni. La marine ougandaise qui patrouille depuis quelque temps aux larges de ce lac tire sur tout ce qui bouge comme si elle en avait reçu instruction. C’est ce qui explique, peut-être, les accrochages que les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc) ont eu, le 5 juillet, avec l’armée ougandaise le long du lac, précisément au bord de la localité de Kyavinyonge, en territoire de Beni.

En attendant d’en savoir un peu plus à travers les résultats de l’enquête initiée depuis le 7 juillet par la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu, les premiers éléments recueillis auprès des sources militaires confirment qu’il y a eu effectivement échanges de tirs croisés entre les deux armées. « Il y a eu quatre militaires ougandais décédés lors des échanges des tirs croisés et de notre côté, le conducteur de la pirogue qui était un civil a été touché par une balle. Il est en train de poursuivre les soins à l’hôpital, un militaire a été brûlé par la flamme de la lance-roquette », a indiqué, après avoir confronté plusieurs sources, le colonel Kumbu Ngoma, substitut de l’auditeur militaire qui séjourne à Kyavinyonge, cité par actualités.cd.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé pour que les deux armées en arrivent à se tirer dessus ? Difficile, à ce stade, d’avancer le moindre scenario. Et, pendant que le Mécanisme conjoint de vérification de la Cirgl est à pied d’œuvre pour établir les responsabilités, l’armée ougandaise a récidivé, quarante-huit heures après cet incident, soit le 7 juillet, en ouvrant le feu sur une vingtaine des pêcheurs congolais qui exerçaient au large du Lac Édouard. On parle d’une douzaine de pêcheurs portés disparus. À Kyavinyonge, territoire de Beni, leurs familles respectives sont déjà en deuil car les informations en leur possession indiquent que leurs proches auraient été tués par des hommes assimilés aux militaires ougandais. Au moins sept embarcations de pêche supposées appartenir aux pêcheurs disparus ont été retrouvées vides et flottant sur le lac. Un détail qui a rajouté à la consternation générale. Entre-temps, d’autres informations font état de l’arrestation, le même samedi, par des marins ougandais, d’au moins cent pêcheurs congolais qui seraient détenus jusqu’à ce jour en Ouganda.  

L’on rapporte qu’une délégation  des autorités provinciales et territoriales séjourne depuis le week-end dernier dans l’enclave de pêche de Kyavinyonge. Composée du secrétaire général adjoint du gouvernement provincial du Nord-Kivu, de la société civile et du comité des pêcheurs de Kyavinyonge, elle s’est rendue à Kampala où elle a été reçue par l’ambassadeur congolais. Rien n'a filtré de leurs échanges mais l’on imagine qu’il a été question  de trouver un terrain d’entente, en synergie avec la partie ougandaise, aux fins de sécuriser la frontière commune. En attendant, les activités de pêche sur le lac Édouard, désormais déclaré zone rouge, ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre. « C’est la patrouille ougandaise qui contrôle pour  le moment le lac, nos pêcheurs ont peur d’exercer leurs activités », a déclaré un membre de l’association locale des pêcheurs.    

Alain Diasso

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