Chronique : le diesel, un carburant à bannir de nos villes

Vendredi 20 Juillet 2018 - 20:02

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Longtemps adulé par les automobilistes, le produit entame son déclin en Occident particulièrement, où il représente moins de 45% des ventes de voitures neuves depuis quelques années, alors qu’il y a peu de temps encore, il représentait 56%  des ventes automobiles en Europe. Cette désaffection fait suite non seulement au scandale du « dieselgate » mais aussi à la multiplication d’études concluant à la grande nocivité de ce carburant.

Ce qui conduit les constructeurs à revoir leur stratégie en matière de motorisation. Le dernier exemple en date est celui de la marque « Toyota » qui annonçait, au début de cette année, son intention d’abandonner totalement cette technologie dès l’an prochain pour sa gamme de voitures particulières.

La combustion de diesel dans les véhicules contribue grandement à la pollution atmosphérique. Les émissions des moteurs diesel varient beaucoup en fonction du type, de l’âge et de la condition du moteur, de la manière dont il est utilisé ainsi que de la formulation du carburant. Les moteurs diesel sont aussi une importante source de pollution par les particules: ils génèrent jusqu’à cent fois plus de particules que les moteurs à essence. Particules dont la taille varie et sont suffisamment petites pour se déposer dans les tissus pulmonaires. Les particules ultrafines composent de 1 à 20 % la masse des particules dans les gaz d’échappement des moteurs diesel et de 50 à 90 % du nombre total de particules présentes dans les gaz d’échappement de diesel. Les particules ultrafines peuvent pénétrer dans les poumons et la paroi des vaisseaux sanguins pour aboutir dans le sang et toucher d’autres systèmes de l’organisme, comme le système cardiovasculaire.

Une exposition aiguë ou à court terme aux gaz d’échappement de diesel peut avoir des effets immédiats sur la santé. Ces gaz peuvent irriter gravement les yeux, le nez, la gorge et causer des symptômes bronchiques et respiratoires. Ils peuvent également entraîner la toux, des maux de tête, des étourdissements, la nausée ou aggraver les réactions allergiques et causer de l’inflammation dans les poumons, ce qui peut aggraver des symptômes respiratoires chroniques et accroître la fréquence ou l’intensité des crises d’asthme.

Le désamour que subit le diesel en Occident à cause de sa nocivité sur la santé humaine et sur l’environnement n’est hélas pas le même qu’en Afrique. En effet, l’intérêt du moteur diesel pour les automobilistes africains réside avant tout dans sa moindre consommation à puissance égale que l’essence. Conjuguée à son prix inférieur à celui de l’essence à la pompe, on comprend mieux pourquoi, en dépit des risques environnementaux qu’il comporte, ce carburant représente plus de deux tiers des ventes de voitures d’occasion en Afrique.

L’Afrique, même si elle demeure pour l’instant la destination de préférence des véhicules diesel dont l’Occident se débarrasse, n’aura d’autres choix que d’intégrer le mouvement global qui appelle à des changements de pratique et au respect des normes environnementales. De nos jours, des alternatives crédibles sont nombreuses entre l’essence, l’hybride ou l’électrique. Alternatives qui sont, d’ailleurs, appelées à se multiplier dans les années à venir et dont les usagers africains doivent apprendre à intégrer dans leur choix de véhicule.

Le programme des Nations unies pour l’environnement qui s’inquiète des importations massives des véhicules diesel en provenance d’Europe, d’Asie et des Etats-Unis vers l’Afrique, incite les gouvernements à prendre des mesures pratiques comme plafonner la limite d’âge des voitures d’occasion importées à cinq ans ou moins, à partir de 2021. N’oublions pas que la pollution de l’air résultant des transports est déjà catastrophique dans plusieurs pays du continent où de nombreux décès sont causés par la mauvaise qualité de l’air. Plus que des discours, il est grand temps pour les politiques d’agir afin de sauver des milliers de vie.

Boris Kharl Ebaka

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