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Souvenir de la traite négrière et de son abolition

Samedi 4 Août 2018 - 14:50

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Instituée en 1998 pour commémorer la lutte menée par les esclaves eux-mêmes en 1791 afin de recouvrer leur liberté et leur dignité,  la date du 23 août célèbre cette insurrection sur l'île de Saint-Domingue dans la nuit du 22 au 23 août et qui conduisit à l'indépendance d'Haïti, consacrée et dédiée comme la première victoire des esclaves sur leurs oppresseurs. Elle fait donc d’Haïti le premier pays où une révolte menée par des esclaves a porté ses fruits et conduit à l'obtention de l'indépendance du pays.

En effet, cette nuit glorieuse du 22 au 23 août 1791 doit demeurer vivace dans nos esprits  car elle a joué un rôle déterminant dans l'abolition de la traite négrière transatlantique qui ne fût en fait qu’un "kidnapping" organisé de la population africaine, pour la contraindre au travail forcé dans les plantations de Saint-Domingue.

La Journée internationale du souvenir ainsi instituée vise à inscrire la tragédie de la traite dans la mémoire de tous les peuples et ce, conformément aux objectifs du projet interculturel "'La route de l'esclave", qui devait offrir l'occasion d'une réflexion commune sur les causes historiques, les modalités et les conséquences de cette tragédie ainsi que d'une analyse des interactions qu'elle a générées entre l'Afrique, l'Europe, les Amériques et les Caraïbes.

À cet effet,  l'Unesco invite tous les ministres de la Culture des États membres à organiser des actions en association avec la population et en particulier les jeunes, les éducateurs, les artistes et les intellectuels.

L’on se souvient que les premières commémorations de cette Journée internationale ont eu lieu dans plusieurs pays, singulièrement le 23 août 1998 à Haïti et le 23 août 1999 à Gorée, au Sénégal. Elles furent des manifestations culturelles où l’on organisait des débats sur la traite négrière. En 2001, le Musée de l'étoffe de Mulhouse s’y était associé en organisant un atelier présentant des tissus appelés "Indiennes de traite" utilisés comme monnaie d'échange pour l'achat d'esclaves aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Cette occasion de rendre hommage à ceux qui ont souffert et sont morts aux mains du système cruel de l’esclavage a aussi pour objectif de sensibiliser le public aux dangers actuels du racisme et des préjugés.

Il ne faut jamais oublier le parcours extrêmement difficile que fit cette population déportée d'Afrique vers l'Amérique, parcours jonché de discrimination, racisme, esclavagisme, mauvais traitements de diverses natures, etc. Et certaines survivances de ce pan d’histoire tragique sont encore bien palpables aujourd’hui.

L’on suggère certaines actions pour rendre ce souvenir pérenne, comme le visionnage  des films "Esclave pendant 12 ans" ou "Amistad",  au 2e cycle du secondaire, films qui traitent tous les deux du sujet de la traite des personnes et de l'esclavage des Noirs en Amérique.

L’on incite, par ailleurs, à faire une recherche sur les restaveks, noms donnés aux enfants haïtiens pris en situation d'esclavage par de riches familles des quartiers huppés de Port-au-Prince, et à se mettre  dans la peau de personnes qui étaient arrachées à leurs familles et à leurs pays pour être vendues en tant qu'esclaves.

Ces actions devraient aider  à réfléchir sur les possibilités d'apaiser et de surmonter ces mémoires douloureuses  en mettant en avant les effets bénéfiques de la diversité et des richesses culturelles dont regorge l'humanité.

À la suite du projet “La Route de l'esclave”, qui a permis une réflexion critique sur les conditions et les modalités pour une réconciliation et un rapprochement des peuples autour des héritages partagés issus de la tragédie de l'esclavage, de nouveaux thèmes ont  été abordés comme : la présence africaine dans le monde, les conséquences psychologiques de la traite négrière et l'esclavage, le transfert des connaissances et des savoir-faire de l'Afrique vers le reste du monde, le tourisme de mémoire et les industries culturelles et créatives émanant de la pensée.

 

 

Ferréol Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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