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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Jacques Opangault en quelques mots

Vendredi 24 Août 2018 - 16:51

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Jacques Opangault, vice-président du territoire du Moyen-Congo, puis ministre d’Etat sous le président Fulbert Youlou, est décédé le 20 août 1978. À l’occasion des 40 ans de sa disparition, ce grand homme politique m’inspire des mots pour mettre en exergue les maux qui minent la vie politique nationale depuis des années.

Jacques Opangault, c’est la raison d’Etat. Celle qui dicta son action politique. Sa tournée en compagnie du président Youlou, après les tragiques événements de février 1959, en est l’illustration emblématique. Le pays était en péril, l’union sacrée était un impératif. Il s’y plia de bonne grâce pour éviter de faire couler un torrent de sang et arrêter une histoire qui risquait de devenir plus cruelle. La paix s’installa au Congo. Et, main dans la main, Youlou et Opangault gouvernèrent ce pays sans heurts, en dépit de sautes d’humeur passagères, inéluctables dans la vie des hommes mais sans conséquence sur celle de la nation.

Jacques Opangault incarnait l’exemplarité et le sens de l’Etat qui lui dictèrent l’ajustement de son salaire sur celui de ses ministres. Il reversait au Trésor public le reliquat de ses frais de mission. Dans une société sans principes comme celle d’aujourd’hui, ce fait est exemplaire. En cette période de crise, une telle attitude du gouvernement contribuerait à la réduction du train de vie de l’Etat. La diminution des rémunérations des différents corps de métier n’en serait que facilitée.

Tout au long de sa vie politique, Jacques Opangault a fait la preuve de ses qualités éthiques. C’était un politique mesuré, même face à l’adversité. Ce qui le mettait bien au-dessus de ses contemporains. Il avait réussi à concilier opposition et compromis au nom de l’intérêt supérieur du pays. Freiner ses propres désirs et se soucier plus de son peuple le rapproche de l’empereur chinois Song Taizu. Il était honnête, loyal, entier, qualités rares en ces temps de dépravation morale, de flagornerie et d’intempestives prétentions.

Pendant ce temps, qu’est-ce qu’ils font au gouvernement, aujourd’hui, les ministres de la République ? Incapables de résoudre les problèmes qui existent, ils se réfugient dans des rationalisations, usant d’une langue improbable. La paresse, l’absence de rigueur et de pugnacité, l’impuissance, la procrastination, l’amateurisme, voire le dilettantisme, figurent dans la panoplie bien remplie des lacunes gouvernementales. Le gouvernement est incapable, si l’on en croit la rue, d’obtenir du peuple l’adhésion sans laquelle il ne peut vaincre la crise actuelle. À quoi sert-il donc en cette période d’incertitude ? Dans une telle occurrence, Opangault aurait démissionné. Jacques Opangault c’était la capacité de dire non et, le cas échéant, de quitter les choses sans y être contraint, avec tant d’aplomb et d’éclat. Opangault, c’était l’époque où l’opposition voulait dire contradiction mais non obstruction.

Depuis la publication de la loi de 2017 sur les partis politiques, il existe une opposition multiforme, légale, républicaine, telle qu’elle se définit. Elle s’oppose avec une certaine intelligence et circonspection au pouvoir en place. Une autre, fantomatique, aux convictions vacillantes, s’enferre dans l’illégalité. Elle vit dans une espèce de rêverie hors des réalités sur le terrain. Sa posture, relent et survivance d’un dogmatisme d’un autre âge, la conduit à s’incruster dans les bassesses de la vie quotidienne. Elle en tire une exaltation morbide, risible. Cette opposition ne recule devant rien, exhalant toutes les fadaises pseudo démocratiques et spécialiste des sorties tonitruantes, elle n’a que ses gesticulations puériles pour tenter d’exister. Elle s’est mise dans un cul-de-sac et se résigne en calculs politiciens sordides, en propositions anachroniques et éculées, pour assouvir les ambitions politiques contrariées de ceux qui la composent. Elle est, au surplus, dénuée de tout sens du rapport des forces. Elle surfe sur le ressentiment général sans rien proposer de concret. Elle n’a « ni politique ni stratégie ». Les partis, « plus ils sont moribonds et plus ils s’agitent », disait de Gaulle. Sans un salvateur sursaut républicain, « l’opposition clandestine » et illégale est inéluctablement entrée dans un déclin progressif et son effondrement. Quant au chef de l’opposition,  il  n’a rien compris et s’ébroue dans toutes les directions.

Au regard des perversions actuelles des valeurs républicaines, Jacques Opangault doit se retourner dans sa tombe. Le pauvre ! Son décès marque la fin des temps des politiques héroïques qui avaient, et Opangault le premier, une envergure que nos politiciens actuels n’ont pas. Ce qu’il y a de pire aujourd’hui, les mœurs politiques de nos temps sont débridées. Elles rendent répugnants les politiciens tous camps confondus.  Jacques Opangault restera, dans l’histoire congolaise, le parangon de l’homme politique. Un exemple à méditer et à suivre. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

 

 

 

Mfumu

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