Tournée africaine de Didier Reynders : la RDC s’oppose à toute forme d’interférence extérieure

Jeudi 13 Septembre 2018 - 17:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pendant que le diplomate belge, en visite en Afrique, appelle à un processus électoral ouvert, transparent et inclusif, le ministre congolais des Affaires étrangères,  Léonard She Okitundu, dans une récente mise au point, a réitéré la position de son pays de ne tolérer aucune immixtion étrangère.

Le périple qu’effectue actuellement le ministre belge des Affaires étrangères dans quelques pays africains, au nom de la recherche de la paix dans certaines régions troubles, n’est pas du goût des autorités de la République démocratique du Congo (RDC). Et pour cause ? Didier Reynders prend langue avec les officiels de certains Etats voisins de la RDC, évoque avec eux l’évolution du processus électoral en cours dans ce pays sans impliquer ses autorités. Bien que cette tournée offre un sérieux prétexte à l’officiel belge de faire un tour d’horizon de la situation en Afrique centrale avec, à la clé, l’enjeu politique au Burundi et en RDC, les autorités congolaises restent néanmoins perplexes quant aux motivations réelles de cette itinérance aux contours flous.   

Une situation que la RDC avait déjà eue à dénoncer par le passé, lorsque le président français, Emmanuel Macron, avait reçu à l'Elysée les présidents angolais et rwandais avec lesquels il eut à échanger sur la situation politique en RDC. Aujourd’hui encore, l’histoire semble se répéter avec la tournée qu’effectue en Afrique le diplomate belge. De l’Afrique du Sud à l’Angola en passant par le Congo Brazzaville, le patron de la diplomatie belge a, avec sec différents interlocuteurs, insisté sur l’impérieuse nécessité d’organiser des élections qui soient réellement inclusives en RDC. « Il y a déjà deux ans maintenant qui se sont écoulés depuis la date normale des élections en 2016, et nous souhaitons vraiment qu’il y ait un processus ouvert, transparent, inclusif où on peut faire en sorte que les citoyens au Congo puissent s’exprimer et choisir leurs futurs dirigeants », avait-il déclaré. Tout en reconnaissant qu’il y a eu des étapes qui ont été franchies dans le processus électoral congolais, Didier Reynders et ses différents interlocuteurs ont manifesté leur désir que cela se poursuive au niveau de la région en impliquant les acteurs internationaux mais surtout avec les Congolais eux-mêmes.

Un rappel à l’ordre

Nonobstant les explications de l'officiel belge cherchant à créditer sa démarche, celle-ci est cependant boudée par les autorités congolaises qui y voient une forme d’ingérence qui ne dit pas son nom. La RDC qui a levé l'option de financer seule ses élections sans appui extérieur n’entend donc pas se dédire. S'estimant surpris par des déclarations intempestives de certaines autorités étrangères relatives au processus électoral en RDC et appelant à un prétendu dialogue avec l’opposition politique, le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, a réitéré la position de son pays de ne tolérer aucune interférence extérieure. Dans une mise au point publiée le 12 septembre, le diplomate congolais est on ne peut plus clair : « Le gouvernement réitère fermement son refus de toute ingérence en la matière tant de la part des pays voisins que des autres partenaires bilatéraux ».

Tout en relevant que le processus électoral en cours se déroule conformément à la Constitution de la RDC ainsi qu’à l’Accord politique global du 31 décembre 2016, il indique que « le gouvernement ne va pas s’abstenir de dénoncer avec véhémence l’agitation injustifiable de certains gouvernements des pays voisins, agissant de connivence avec d’autres partenaires autour de cette question de souveraineté ». Shé Okitundu les invite instamment à la stricte observance de leurs engagements internationaux. Il s’étonne que les partenaires extérieurs s’offrent certaines libertés lorsqu’il s’agit de la RDC alors qu’ils n’affichent pas la même attitude dans d’autres pays en vertu des obligations découlant du Droit international en général et de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques en particulier. La RDC, a-t-il dit, ne pourra a fortiori cautionner de tels égarements au nom de la sauvegarde de sa souveraineté.        

Alain Diasso

Notification: 

Non