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A New York l'autre jour

Samedi 29 Septembre 2018 - 18:43

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A-t-on assisté, peut-être, la semaine dernière, à New York, aux Etats-Unis, à l’une des assemblées générales de l’ONU les plus révélatrices des inimitiés qui triturent les relations internationales depuis la chute du mur de Berlin en 1989 ? Ce n’est vraiment pas verser dans le grossissement des faits que de souligner la gravité des déclarations venant des chefs d’Etat et de gouvernement des pays sur lesquels repose, en partie, l’équilibre du monde.

En vedette, du fait de la tonalité de leurs discours, les présidents américain, Donald Trump; français, Emmanuel Macron; iranien, Hassan Rohani; palestinien, Mahmoud Abbas; et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ont chacun trouvé les mots pour accuser ou acculer l’autre, l’approuver ou le contredire sur une scène onusienne où ceux qui prennent la parole savent néanmoins compter sur le côté « civilisé » de ce lieu qu’ils fréquentent à échéance régulière d’année en année. On peut dire des choses fortes mais on ne doit pas en venir aux mains.

Au-delà, en effet, des paroles enflammées, des attaques en règle du genre de celles auxquelles se sont livrés les dirigeants cités plus haut, la tribune des Nations unies offre aussi l’occasion de nouer des contacts de divers ordres qui laissent toujours la porte ouverte à la négociation, même entre ennemis jurés. Ce qui signifie que la volonté de se parler existe et il faut espérer qu’elle se consolide dans les cœurs de ces hommes en colère, en apparence, qui tentent en fait chacun de défendre avec ses mots les intérêts des nations qu’ils représentent. Pourtant, ils ont aussi intérêt à défendre ceux du monde qui nous entoure.

Après avoir littéralement « lessivé » l’Iran d’Hassan Rohani et dénoncé « la bureaucratie mondiale non-élue » que représentent à ses yeux les institutions comme le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ou encore la Cour pénale internationale (les Etats-Unis s’y sont retirés), le président américain a néanmoins terminé son discours en implorant Dieu de bénir toutes les nations du monde, y compris on suppose celles qui ne sont pas « des exemples de démocratie et de réussite » que sont, a –t-il cité, l’Inde, Israël, la Pologne et l’Arabie saoudite.

S’il a répondu point pour point à son homologue américain, accusant les Etats-Unis de chercher à le renverser, le président iranien a déclaré garder l’espoir que Washington reviendra sur son retrait de l’accord sur le nucléaire conclu le 14 juillet 2015. Garder l’espoir du retour à la table des négociations, cela a été aussi la ligne défendue par le président palestinien et le Premier ministre israélien dans le conflit qui les oppose depuis de nombreuses décennies.

Si tout comme son homologue américain, le président français a fait allusion à la « ligne rouge à ne pas franchir » concernant l’utilisation éventuelle d’armes chimiques dans la guerre en Syrie, Emmanuel Macron est celui qui a pris le contre-pied de l’essentiel des vues développées par ce dernier. Contre le repli sur soi des Etats qui s’estiment suffisamment forts, riches et prospères, il a prôné le partage, la solidarité, la concertation à plusieurs ou multilatéralisme.

Mais quel monde les hommes et les femmes des générations présentes souhaitent-ils laisser à leurs enfants ? Cette question reste pendante car ceux qui l’ont posée à leur tour du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies n’ont pas pu dissiper « le doute et le danger » qui guettent un monde miné par tant de défis que ni l’argent ni les armes ne semblent être les seules alternatives à leur résolution.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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