Prix des cinq continents: Jean-Marc Turine, lauréat 2018

Mercredi 10 Octobre 2018 - 16:28

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

En marge du XVIIe Sommet de la Francophonie, Michaëlle Jean, secrétaire générale de cette organisation, a remis officiellement le prix au récipiendaire le 9 octobre, pour son roman "La Théo des fleuves". La cérémonie a lieu au théâtre Arno Babadjanyane de Erevan, en Arménie.

Tout s’est décidé quatre jours plutôt, le 5 octobre, quand le jury du Prix des cinq continents a donné le titre du roman et le nom du lauréat. Sur cent trente et un romans francophones reçus par les cinq comités de lecture, "La Théo des fleuves" a fait partie des dix ouvrages finalistes et il vient d’être plébiscité de façon harmonieuse par les membres du jury.  La mention spéciale du jury retient : « Si l’invisible est ce que l’on ne cessera pas de voir, le rite de voyage pour s’affranchir construit une voie qui nous fait passer de la visible géographie à l’invisible nation ; l’âme sensible et insoumise à l’instar de fleuves fertiles et infinis. Le roman de Jean-Marc Turine, " La Théo des fleuves", a touché les membres du jury par l’humanisme et la poésie avec lesquels il aborde le long et tragique périple des gens du voyage, les persécutions et rejets qu’ils ont subis ». Il est à noter que le Comité de lecture de Brazzaville, fonctionnant au sein de l’Association culture elongo, avait sélectionné ce roman et a été représenté à la cérémonie de remise officielle du prix par son secrétaire littéraire, Omer Massoumou.

Dans la transmission du flambeau, Yamen Manai, auteur de "L’Amas ardent", lauréat du Prix de 2017, a indiqué à son successeur qu’il allait porter une « belle couronne francophone » pendant tout une année. Yamen Manai a exprimé sa joie de savoir que « la voix de la belle Théodora allait résonner dans les cinq continents », une voix qui sera réclamée et l’auteur avec. Il a demandé au lauréat de se rendre disponible et lui a souhaité une année magnifique, riche en voyages et en partage : « Dis à l’humanité que nous sommes tous des voyageurs… des gens du voyage », a-t-il signifié.

Une écriture d’engagement

Agé de 72 ans, Jean-Marc Turine nous vient de la Belgique. Il est un acteur culturel dynamique qui est à la fois producteur, réalisateur et écrivain. "La Théo des fleuves" ( paru en mai 2017 aux éditions Esperluète) est son troisième roman. Les ouvrages comme "Foudrol" (2005), "Le Crime d’être Roms" (2005), "Terres noires : lettres des Comores" (2008) ou " Liên de Mê Linh " (2014) définissent une écriture d’engagement, une écriture où il met en lumière des zones d’ombre de l’humanité. Dans " La Théo des fleuves", l’auteur présente une héroïne qui vit une situation de handicap. Enfant du fleuve, Rom du début du XXe siècle, Théodora vit les drames de tout un siècle où exil, exclusion et injustice constituent le tissu d’une vie. Vieille, elle devient impotente et aveugle mais sa mémoire reste vive et sa parole créatrice. Alors, elle refait le voyage de sa vie, de ses rencontres, de ses amours. Théodora parvient même à espérer ; c’est la relation au livre, à la lecture et à l’altérité qui ramène l’homme à l’humanité.

« Je n’ai qu’un livre, celui que m’a donné ma mère à ma naissance et que j’ai donné à mes enfants le jour de leur naissance, la vie. Mon livre rendu fertile par la terre sur laquelle je marche en traversant les saisons. La terre me nourrit de ses fruits et me procure des plantes pour soigner nos corps, la terre qui accueille nos défunts. Mon livre se remplit de l’eau de la rivière dans laquelle je me lave et attrape les poissons, de l’eau des cascades dans laquelle jouent nos enfants nus en été et de l’eau des sources qui nous abreuvent. Je lis mon livre dans les chants et les légendes qui naissent et se recomposent autour du feu qui nous réchauffe en hiver, dans les travaux des femmes lorsque le feu cuit nos repas de tous les jours. Mon livre dit que le Tsigane ne quitte rien ni ne va quelque part, le Tsigane parcourt sa demeure, les terres qu’il traverse. La foulée tsigane est une quête infinie », peut-on lire à la quatrième de couverture.

Ces mots sont une véritable invitation à la lecture du livre et au voyage, au voyage de la quête de la lumière pour que la différence ne tue pas l’humanité, pour que la diversité existe.

Le jury a également décerné une mention spéciale à Stéfanie Clermont pour son roman "Le jeu de la musique", publié aux éditions Le Quartanier. « Ce premier livre de cette jeune auteure canadienne (Ontario) décrit l’univers de cette errance juvénile et immature, d’une jeunesse en rupture de ban, marginale et révoltée, qui aspire à la vraie vie dans un monde indifférent », a précisé le jury.

Omer Massoumou

Légendes et crédits photo : 

1- Jean-Marc Turine 2- Jean-Marc Turine salué par Michaëlle Jean 3- Jean-Marc Turine présentant son prix

Notification: 

Non