Chronique. Changements climatiques : l’épineux cas américain

Samedi 3 Novembre 2018 - 10:56

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D’une administration à l’autre, les Etats-Unis sont passés en l’espace de deux ans d’un pays « pro-climat » à un pays « anti-climat ».

En 2015, dans les derniers mois de la présidence de Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis signait avec ses alliés occidentaux l’accord de Paris sur le climat. Ce pays, deuxième plus gros pollueur de la planète, s’engageait ainsi à réduire de 26 % à 28 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 par rapport à 2005. Mais cet engagement de l’administration Obama vola en éclat dès l’entrée en fonction de Donald Trump qui, sans tarder, décida en juin 2017 de retirer son pays de cet accord.

Ce retrait signifiait simplement que les Etats-Unis ne comptaient plus respecter les engagements pris à Paris lors de la COP21, à savoir limiter la hausse des températures à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Pire encore, en sortant de ce texte, les Etats-Unis ne comptaient plus contribuer à l’aide à fournir aux pays vulnérables comme le prévoit l’accord.

Autant dire que l’accord de Paris, sans les Etats-Unis, n’a plus ni la même portée ni la même valeur. C’est pour cela que la communauté internationale espère que l’actuel locataire de la Maison-Blanche pourra revenir sur sa décision. Mais, même si ce n’est pas le cas avant la fin de son mandat, il y a tout de même des espoirs qu’indépendamment de la position de son gouvernement, les Etats-Unis, grâce à son système fédéral, pourraient être en mesure de respecter les engagements pris à Paris en tant que pays en 2015. Et cela pour deux raisons :

Premièrement: après l’annonce par Donald Trump du retrait de son pays de l’accord de Paris sur le climat, des villes, des Etats et des entreprises à travers le pays se sont engagés à honorer les ambitions décrétées dans la capitale française fin 2015. Certains indices vont même dans une meilleure direction que ce qui a été le cas récemment en matière climatique aux Etats-Unis. Ces efforts qui ne tiennent pas compte de la décision présidentielle laissent espérer une baisse des émissions du deuxième plus gros pollueur de la planète, derrière la Chine.

Deuxièmement: il faut trois ans pour un signataire avant de pouvoir signifier son retrait de l’accord et encore un an avant que ce dernier ne soit effectif. La sortie des Etats-Unis, annoncée par Trump en 2017, ne pourrait intervenir concrètement qu’en novembre 2020.

Le seul bémol enregistré pour l’heure à cette annonce du retrait américain l’est sur le plan financier. En effet, le retrait des Etats-Unis pourrait alourdir la facture pour l’Union européenne et les autres pays leaders car ceux-ci se sont tous engagés à soutenir économiquement les pays en voie de développement. Une aide chiffrée par l’accord de Paris, qui prévoit qu’au minimum les pays riches fournissent cent milliards de dollars par an à partir de 2020 aux plus pauvres. Au vu du manque d’engagement dont font preuve les pays pollueurs pour mobiliser  cette aide, une sortie effective et totale des Etats-Unis de cet accord rendrait cette mission de financement quasiment impossible.

 

Boris Kharl Ebaka

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