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La Francophonie dans tous ses états

Samedi 3 Novembre 2018 - 18:21

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Rien au fond ne rend mieux compte du bond en avant qui se prépare dans le monde francophone que la visite effectuée, jeudi dernier, par la future secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, au musée kiebe-kiebe qui s’élève en pleine forêt à quelques kilomètres d’Oyo. Accompagnée par Denis Sassou N’Guesso, qui a créé ce vaste édifice dédié à la danse initiatique kiebe-kiebe, la successeure de la Canadienne Michaelle Jean a, en effet, choisi de venir sur les bords de la rivière Alima avant même de prendre ses fonctions à Paris, le ler janvier 2019, afin de parler de l’avenir avec le président du Congo. Et tout naturellement, elle a profité de son séjour à Oyo pour se rendre à Ngolodoua.

Ce geste très symbolique lance un double signal à la communauté francophone dans son ensemble.

Il confirme, tout d’abord, que l’Afrique sera bien, demain, le pivot de la Francophonie. Non pas seulement parce que c’est sur ce continent que vit dès à présent et vivra plus encore demain le plus grand nombre d’hommes et de femmes qui parlent cette langue de par le monde mais également, parce que désormais c’est une femme issue de ce continent qui tiendra les rênes de l’OIF. Avec la volonté affirmée de donner à l’Afrique en général, au Bassin du Congo en particulier, où elle est née, la place qui lui revient naturellement étant donné l’importance que lui confère dès à présent la masse humaine qui y vit. Une volonté dont elle a fait preuve tout au long de sa carrière diplomatique en accompagnant son pays, le Rwanda, dans sa réémergence sur la scène internationale.

Le geste accompli ce 1er novembre 2018 par Louise Mushikiwabo à Ngolodoua montre, ensuite, que le respect des arts et des traditions, la reconnaissance de l’histoire, la préservation des lieux et des documents hérités du passé figureront en bonne place, sinon même en première place, dans la mission que la nouvelle secrétaire générale de l’OIF se fixera très probablement dans les mois à venir. Un engagement que traduisent parfaitement les mots écrits par elle avant son départ pour Kigali dans le livre d’or du musée kiebe-kiebe, alors qu’elle s’apprêtait à quitter ce lieu hautement symbolique : « Je suis heureuse d’apprendre plus sur la croyance et l’âme d’un peuple frère. Bravo au président de la République et à tous ceux qui ont contribué à la restitution de cet héritage culturel et à sa préservation pour éduquer et édifier ».

Nul ne sait ce que se sont dit le président du Congo et la future secrétaire générale de l’OIF lors de leurs entretiens privés mais, des échanges publics qui ont marqué ces deux jours, ressort la conviction que l’OIF ne sera pas simplement demain une institution vouée à la seule défense de la langue française mais qu’elle s’attachera aussi à accompagner les peuples ayant le français en partage dans les actions qu’entreprendront leurs dirigeants afin de protéger, de mettre en valeur les arts et les traditions héritées des siècles antérieurs.

Si tel est bien le cas, l’OIF sera dans les années à venir l’une des institutions internationales les plus respectées de la sphère internationale puisqu’elle permettra de concilier le présent et le passé, de montrer que l’emploi d’une langue commune permet aux peuples vivant dans des environnements très différents de coordonner les actions engagées pour faire de la culture l’un des principaux ressorts du progrès humain.

 

   

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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