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Cameroun: défis sécuritaires

Samedi 10 Novembre 2018 - 17:24

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Elle est désormais derrière nous, la présidentielle camerounaise du 7 octobre, de laquelle le président sortant, Paul Biya, est sorti victorieux devant ses huit challengers du premier tour avec un score sans appel de 71, 28 %. Lors de sa prestation de serment, le 6 novembre, au Palais de l’Assemblée nationale, le deuxième chef de l’Etat camerounais de l’histoire a évoqué longuement les menaces qui pèsent sur l’unité de son pays mais aussi les ouvertures qu'il est en droit de saisir pour prospérer.

La secte Boko Haram qui s'active dans l’extrême-nord, les velléités sécessionnistes dans les régions nord-ouest et sud-ouest, sont autant de défis sur le chemin du nouvel élu qui voudrait néanmoins croire en un septennat de « Grandes opportunités » pour ses compatriotes. Paul Biya, il est vrai, connaît mieux son pays et ses habitants qu’il se rappelle « le désir maintes fois exprimé des populations d’être mieux associées à la gestion de leurs affaires locales » et par conséquent déclare être engagé à « prendre des mesures nécessaires pour accélérer le processus de décentralisation ».

Si le président camerounais s’est félicité des avancées enregistrées les sept dernières années, étayant son propos par des réalisations dans les « domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux »; si en plus il note que le partenariat avec le Fonds monétaire international a été consolidé par un programme de « facilité élargie de crédit » conclu en 2017, il est aussi revenu sur la nécessité de promouvoir la stabilité et la sécurité. Deux volets indispensables pour la mise en œuvre des « Grandes opportunités » mentionnées plus haut.

Avec les derniers développements de l’actualité sécuritaire marquée par le rapt, le 5 novembre, de dizaines d’élèves et du personnel enseignant dans un établissement du sud-ouest du pays ( heureusement libérés quarante-huit heures après), le Cameroun risque de sombrer dans un conflit d’un genre nouveau. A savoir, déborder le cadre "habituel" des affrontements entre « forces négatives » (allusion aux sécessionnistes), combattants terroristes (Boko Haram) et Forces de défense et de sécurité.

Les nombreuses incursions de Boko Haram se soldent, on le sait, par la désertion des villages par la population. S'ils devaient se poursuivre, les enlèvements de masse visant des écoliers rendront délicates les opérations des forces régulières car leurs ravisseurs pourraient en faire des boucliers humains. Quand on considère que ce modus operandi est celui utilisé depuis quelques années au Nigeria voisin, avec des fortunes diverses pour les forces gouvernementales, il est à craindre l’enlisement.

Ceci revient à dire qu’à côté des promesses faites par le président Biya, centrées autour de la « révolution agricole », la construction des ponts, routes et aéroports, des infrastructures d’adduction d’eau et de fourniture d’électricité, le grand défi sera la pacification du pays. Le salut viendra, peut-être, de la qualité de l’écoute que les uns et les autres, dans les rebellions à essence terroriste ou sécessionniste réserveront au discours d’investiture du chef de l’Etat.

Même si à l’adresse de ceux qu'il a qualifiés d'« entrepreneurs de guerre » le président Paul Biya avertit que force restera à la loi, il semble en même temps circonscrire l’origine « des frustrations et des insatisfactions qui se sont manifestées » dans les régions agitées. Garant des institutions, il jure: « Le destin de nos compatriotes du nord-ouest et du sud-ouest s’inscrit dans le cadre de notre République ». Les temps à venir diront si les Camerounais s’affranchiront du piège de la division qui les guette.

Gankama N'Siah

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