Élections du 23 décembre. Joseph Kabila : « Je crois que tout va bien se passer »

Samedi 1 Décembre 2018 - 17:30

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Dans une interview accordée à l’envoyée spéciale du journal "Le Soir" de Belgique  à Kinshasa, le chef de l'Etat a, en cette dernière ligne droite amorcée avant les scrutins, exprimé son vœu de voir la République démocratique du Congo (RDC) passer allègrement cette étape cruciale de son histoire.

Il se prête rarement à l’exercice de l’interview. Pourtant, le président Kabila a accepté de faire le bilan de ses années au pouvoir avec notre collègue Colette Braeckman. Joseph Kabila a évoqué, au cours de l'interview, l’après-présidence ou mieux, ce qu’il envisage de faire une fois que la passation de pouvoir avec son successeur sera effective. Interrogé par Colette Brackman, le président de la République a eu réponse à tout et, sans filtre, il a répondu à ses préoccupations. Sénateur à vie, selon une loi votée au parlement et déjà promulguée, Joseph Kabila envisage, une fois à l’écart de la politique active, se mettre à la réserve du pays et s’occuper de ses fermes installées notamment dans l’ex-Katanga et à Kinshasa. À travers cet investissement, il pense avoir donné un exemple patriotique devant inspirer son peuple. « Mes fermes, à Kingakati ou au Katanga, sont le résultat d’années de travail, j’ai construit petit à petit… C’est aussi une leçon que je voudrais donner aux Congolais : il faut qu’ils soient les premiers investisseurs dans leur pays. Qu’au lieu de créer six cents partis politiques, ils créent six cents entreprises. C’est un devoir patriotique. À ceux qui, depuis l’étranger, nous critiquent, je leur dis de revenir, d’investir au Congo, de créer des entreprises », a- t-il indiqué.

Au sujet des élections, le chef de l'Etat a exprimé un certain optimisme quant à leur issue. Celui qui s’apprête à quitter le Palais de la nation en janvier prochain espère que tout va bien se passer. « Nous sommes dans la dernière ligne droite avant les élections, nous avons eu l’enrôlement des électeurs, puis le dépôt des candidatures et, à 90 %, tout s’est passé normalement. La campagne a commencé dans le calme et cette absence d’incidents traduit aussi la maturité politique de la population… Reste le défi de la sécurisation le jour même du vote. Après le 23 décembre, il n’y aura plus qu’à attendre les résultats. Je crois que tout va bien se passer », a-t-il déclaré. Il a réitéré la position du gouvernement congolais d’organiser seul les élections via la Commission électorale nationale indépendante (Céni) quand bien même cela coûte cher au pays. « C’est une question d’indépendance et de souveraineté » mais aussi de « dignité », a-t-il martelé, faisant ainsi fi des inquiétudes exprimées à ce sujet par l’ONU.

Parlant des rapports qu’il compte entretenir avec son potentiel successeur, le président de la République n’écarte pas la possibilité de se muer, au besoin, en conseiller de circonstance pour le bien de la République. « Cela dépend. S’il a besoin de mes conseils, je serai toujours là, volontiers. Mon successeur, quel qu’il soit, aura non seulement besoin de l’ancien président mais surtout besoin de dignité. Besoin de la participation des quatre-vingts millions de Congolais au pays et de tous ceux qui sont dans la diaspora, afin d’aller de l’avant dans la reconstruction du Congo », a-t-il dit.  

Tirant un trait définitif sur la polémique autour de la présence ou non des observateurs internationaux, notamment ceux de l'Union européenne, lors du vote de décembre, Joseph Kabila est resté constant dans sa posture de refus. « Pourquoi devrait-on les inviter ? Je considère que ces pays ont déjà préparé leur rapport avant même le jour du vote ! », se convainc-t-il. Concernant  la question des prisonniers politiques, il a renvoyé la journaliste belge dans les dédales de la justice congolaise, estimant qu’il s’agit là des affaires qui relèvent strictement de la justice tout en affirmant, à sa connaissance, qu’il n’y a pas de détenu strictement « politique ». Et d’ajouter : « S’il y a des problèmes au niveau de la justice, c’est là qu’il faut intervenir, mais moi je ne le peux pas… ».

Profitant du micro de Colette Braekman, il n’a pas manqué de stigmatiser le rôle néfaste que jouent certains acteurs politiques belges, nostalgiques d’une colonisation révolue, dans les relations diplomatiques qu’entretient leur pays avec leur ancienne métropole. « Le problème avec les Belges, c’est ce que j’appelle l’état d’esprit. Il y a des gens qui, en Belgique, croient que le Congo est encore une colonie, que les Belges doivent toujours avoir de l’ascendant sur les Congolais. Qu’est-ce qui nous divise avec la Belgique ? Je considère que nous sommes des hommes libres, que le Congo est un pays indépendant et que nous n’avons pas de comptes à rendre à un ministre des Affaires étrangères qui se trouve en Belgique », a-t-il précisé.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila en entretien avec Colette Braeckman

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