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2018, l'année Xi Jinping

Samedi 22 Décembre 2018 - 18:35

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Comme son homologue américain, le président chinois a occupé le devant de la scène mondiale tout au long de l'année qui s'achève. A cette différence près qu'il n'a pas cessé de projeter de son pays l'image positive d'une grande puissance soucieuse de prendre sa juste place dans le concert des nations alors que Donald Trump, lui, s'attachait à défendre une doctrine de l' "America first" qui donne l'impression d'un repli sur soi exactement inverse.

Il ne fait aucun doute, pour nous en tout cas, que les Etats-Unis seront tôt ou tard contraints de désavouer la politique pour le moins suicidaire prônée à grands coups de tweets ravageurs par le successeur de Barack Obama, ceci peut-être par le moyen de l'"impeachment" que prévoit la Constitution américaine. Mais en attendant, s'il est une grande puissance qui profite à plein de l'affaiblissement des Etats-Unis dans le concert des nations, c'est bien la Chine.

Vue du Tiers-monde, l'année 2018 qui s'achève a été, en effet, une année royale pour l'ex-Empire du milieu. Royale car elle a confirmé sa puissance économique et financière tout comme sa volonté de devenir à terme rapproché le premier acteur mondial grâce à l'ampleur de son marché national, à l'importance de ses grandes entreprises dans les secteurs clés de l'économie mondiale, à la mise en place de la nouvelle "route de la soie" vers l'Afrique et vers l'Europe. Royale, également car, elle a démontré de façon claire que la Chine entend maintenant s'imposer sur le plan militaire et donc stratégique comme un acteur incontournable du monde présent parce que dotée des moyens d'action qui lui faisaient jusque-là défaut dans le domaine naval mais aussi dans le domaine spatial et dans le vaste champ numérique.

De la même façon que Vladimir Poutine surfe sur la vague de l'"America First" lancée par Donald Trump pour affirmer la puissance retrouvée de la Russie en Europe de l'est et au Levant – ce qui contraint de facto les Etats-Unis à s’en retirer de façon plus ou moins claire –, de la même façon Xi Jinping s'emploie à asseoir la prééminence de la Chine en Asie mais aussi, et de façon de plus en plus claire, en Afrique.  Une stratégie qui, manifestement, lui procure d'ores et déjà de grands avantages matériels comme le prouve le rôle de plus en plus important que jouent les entreprises et les banques chinoises dans l'émergence de ces deux régions.

L'on ne saurait exclure qu'une guerre oppose demain la Chine et les Etats-Unis dont le pire pourrait sortir pour la communauté mondiale dans son ensemble étant donné la puissance des moyens dont disposent ces deux Grands. Mais il est plus probable que la compétition entre les deux nations se développera dans le domaine économique, financier, industriel, agricole, environnemental, artistique et culturel car, ni l’une ni l’autre  ne pourrait sortir vainqueur d'un conflit ouvert.

Soit dit en passant, c’est très probablement cette bataille feutrée qui explique l’offensive menée par Washington, avec l’aide du Canada, contre le groupe Huaweï, et la vigueur de la contre-attaque que vient de lancer la Chine en arrêtant sur son territoire plusieurs ressortissants canadiens. Une bataille qui ne dit pas encore son nom mais que l’on voit se dessiner de jour en jour au sein des institutions de la gouvernance mondiale où la Chine entend bien occuper enfin une place correspondant à sa puissance.

2018 ayant été marquée par l’omniprésence de Xi Jinping sur la scène mondiale, voyons donc ce qu’il en ira tout au long de l’année prochaine.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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