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Et 2019 sera …

Dimanche 30 Décembre 2018 - 18:45

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Bien malin est celui qui, au seuil de cette nouvelle année, peut dire avec certitude ce qu’elle réservera à l’espèce humaine. Mais c’est pourtant à cet exercice pour le moins difficile qu’il importe, au plus haut point, de procéder dans le moment très particulier que nous vivons si l’on veut anticiper les effets négatifs ou positifs des évènements à venir. D’où cette réflexion qui ne prétend évidemment pas prédire le futur, mais qui vise simplement à en dessiner les grandes lignes tout en sachant que la nature humaine étant imprévisible, ces mêmes lignes peuvent bouger dans un sens différent.

  1. La bataille contre le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement qui en résulte s’imposera vraisemblablement en 2019 comme l’enjeu majeur des décennies à venir. Ceci parce que les catastrophes naturelles générées directement ou indirectement par la suractivité humaine se multiplieront tout au long de l’année, provoquant une mobilisation de l’opinion publique mondiale qui, elle-même, ouvrira les yeux des Grands de ce monde qui en nient aujourd’hui l’impact ou qui se répandent en nobles discours sans vraiment se mobiliser. L’année qui débute pourrait bien être dans ce domaine une année charnière.
  2.  Les tensions entre les nations dominantes de la communauté mondiale ne feront très probablement que s’aggraver tout au long de l’année. Ceci parce que la montée en puissance de la Chine, de la Russie et de l’Inde sur la scène internationale remet en question l’équation stratégique née des deux guerres mondiales du siècle précédent. Dirigée peu ou prou jusqu’à présent par les puissances occidentales, la gouvernance internationale va se trouver remise en question par le repli au moins temporaire de l’Amérique de Donald Trump et par l’affaiblissement continu de l’Union européenne dont témoignent le Brexit comme  la montée du populisme dans les pays de l’Est.
  3. Le rééquilibrage stratégique qui se dessine ainsi à l’échelle planétaire provoquera inévitablement un changement des rapports de force au sein même des institutions internationales – l’Organisation des Nations unies, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale pour ce citer que les plus influentes –, changement qui se traduira lui-même  par de fortes tensions entre les continents. S’il n’est pas certain que celles-ci feront exploser les institutions sur lesquelles repose la  paix du monde, il est très probable, en revanche, qu’elles provoqueront des ruptures qui elles-mêmes affaibliront durablement ces puissantes machines.
  4. La compétition qui s’aggravera entre les grandes puissances sur le plan diplomatique aura des effets économiques et financiers dont il est impossible aujourd’hui de prédire les conséquences. Elle peut, bien sûr, générer une crise de grande ampleur dont sortirait un effondrement économique semblable à celui des années trente du siècle précédent en Europe, mais aussi et surtout provoquer un changement  radical des rapports de force entre les grandes puissances économiques, donc une réorganisation de l’économie mondiale dont nous n’avons pas idée même si certains indices permettent d’en évaluer dès à présent l’impact inévitable.
  5. Dans ce contexte très différent de celui dans lequel nous avons vécu ces  soixante-dix dernières années, il est probable sinon certain que les continents en émergence, tout particulièrement l’Afrique et l’Amérique latine, prendront une conscience plus claire de l’importance stratégique qui devient la leur dans ce nouveau cadre planétaire. Probable aussi que les « Grands » feront une cour plus assidue aux très nombreux  pays qui composent ces deux entités géographiques. Et, de ce fait, l’émergence du Tiers-monde devrait s’accélérer fortement dans les mois à venir avec, en toile de fond, une compétition et donc des tensions entre les « Grands » qui ne cesseront de s’aggraver.

Encore une fois, rien de ce qui précède n’est certain mais, tout laisse penser aujourd’hui que les évènements à venir dans les douze prochains mois confirmeront ce pronostic dans ses grandes lignes. Mieux vaut donc avoir présente à l’esprit l’idée qu’un  changement fondamental est bien en préparation dans les relations internationales.

 

Jean-Paul Pigasse

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