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Comment améliorer le système éducatif national ?

Jeudi 10 Janvier 2019 - 16:48

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Les préoccupations exprimées ici résultent de l’observation personnelle de la vie sociale du Congo, notre pays, et aussi de la lecture des médias. A défaut d’une enquête sur le terrain, l’occasion nous a cependant été donnée de nous soucier du taux élevé du chômage des jeunes, de la mauvaise qualité des projets que ces derniers rédigent à l’occasion de leur candidature à un emploi ou aux fins de créer « leur propre affaire», ou encore de leur incapacité à mener à terme les projets par eux-mêmes élaborés. Alors, après réflexion, toute question financière exclue, nous pointons d’abord la responsabilité de l’inadéquation formation-emploi.

De quoi s’agit-il?

L’inadéquation formation-emploi, observée à hauteur de 50-60% de cas dans notre pays, traduit l’insuffisance ou la non-pertinence des formations données par rapport aux compétences professionnelles exigées. Par exemple, tel jeune, bien que titulaire d’un bac technique option électricité, ne peut effectuer correctement les actes requis dans ce domaine, tel autre, ingénieur agronome, s’avère inapte à faire le travail attendu de lui ou même à rédiger un projet approprié pour obtenir un crédit. Ainsi définie, l’inadéquation formation-emploi est fréquente et grève lourdement la situation sociale de nombreux jeunes de moins de 30 ans et les maintient en situation de chômage massif et persistant.

Quelles sont les causes de l’inadéquation formation-emploi ?

Nous pointons en priorité l’absence d’organisation d’un système éducatif national qui soit en conformité avec les exigences de la mondialisation. Celle-ci impose à tous les pays de mettre en place des mécanismes permettant la mobilité effective des enseignants et des étudiants ainsi que la « transférabilité » des unités d’enseignement et des diplômes acquis

Quels objectifs pour un tel défi ?

D’une façon générale, il s’agira de rester dans la dynamique de l’Objectif mondial du développement durable proclamé par l’ONU et relancé par elle-même par la définition des Objectifs mondiaux pour le développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Dans cette optique, le système éducatif congolais doit viser celui de l’adéquation formation-emploi dans les programmes de tous les cycles.

Quelles stratégies à adopter ?

Dans le cadre d’une stratégie globale, il est recommandable d’opter pour le concept de l’Unesco rappelé plus loin et de s’arrimer aux programmes du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur.

Au niveau du présecondaire (Collèges), le principe général doit être, d’une part, de le compléter à sa base par l’indispensable pré maternelle-maternelle, d’autre part, de veiller à ce qu’au bout du cycle, essentiellement éducatif et culturel, les élèves admis au BEPC soient aptes à effectuer les parcours conduisant à une qualification professionnelle. Le cycle secondaire (lycées), toujours d’une durée équivalent à BEPC + trois ans, donnerait accès au baccalauréat séries générale, scientifique, technologique et professionnelle. Son profil sera progressivement modulé en fonction des performances et des choix des élèves ainsi que des besoins du pays. Quant à l’enseignement supérieur, il se conformerait au système Licence-Master-Doctorat (LMD) que coifferait un « Supra LMD » pour les formations en droit, sciences économiques, médecine, odontostomatologie et pharmacie/pharmacologie dans lesquelles existe le concours d’agrégation de l’enseignement supérieur.

Quels programmes ?

Pour tous les cycles, il est recommandé d’appliquer le concept de l’Unesco qui propose de considérer les systèmes éducatifs et les universités comme « des organisations chargées des missions d’enseignements, de recherche, de production et de développement des techniques et des technologies, de la culture et, enfin, de la formation adéquate aux métiers ». Ces dispositions permettent de garantir la mobilité des enseignants, des chercheurs et des étudiants ainsi que la transférabilité des unités d’enseignement validées et des diplômes. Nous proposons, en outre, pour le Congo, l’introduction d’un complément de programme spécifique portant sur l’élargissement, dès la classe de 5e, de la gamme des langues, par l’introduction du lingala et/ou du kituba, de l’anglais et du chinois.

Quels diplômes ?

Les diplômes doivent être homologués et transférables, au moins au sein de l’Afrique, notamment dans l’espace francophone et plus spécialement dans la Cémac. Chaque parcours de formation est sanctionné par un tel diplôme. Il est suggéré de privilégier :

 a) les diplômes acquis à partir du BEPC nouveau tels que le brevet de technicien supérieur (agriculture, foresterie, nouvelles techniques de l’information et de la communication, industrie, etc.);

b) les diplômes acquis à partir des séries techniques, technologiques et professionnelles du Bac.

Quelles modalités d’offre d’emplois ?

Les offres d’emplois doivent être essentiellement du domaine des entreprises privées largement appuyées par l’Etat. Des dispositions règlementaires luttent contre la production de faux diplômes, les discriminations à l’embauche et le marchandage.

Conclusion

Au Congo, comme partout ailleurs, les jeunes constituent l’avenir de demain. Voilà pourquoi nous devons lutter contre leur chômage et toutes les conséquences qu’il entraîne. Pour cela, nous devons déployer des efforts tous azimuts pour atteindre les objectifs de l’adéquation formation-emploi et de « Un jeune formé, un emploi attribué», lesquels s’inscrivent dans les objectifs mondiaux pour le développement durable. Les propositions faites ici, qui sont à enrichir, s’inscrivent dans cette préoccupation.

 

 

 

 

 

 

 

Christophe Bouramoué, ancien recteur, nbouramoue@yahoo.fr

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Édition Quotidienne (DB)

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