Résultats provisoires de la présidentielle : Félix Tshisekedi sur le chemin du Palais de la Nation

Jeudi 10 Janvier 2019 - 19:00

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Le voile a finalement été levé sur les résultats de la présidentielle du 30 décembre 2018. Le verdict prononcé le 10 janvier aux petites heures par Corneille Naanga, au terme d’une plénière laborieuse de la Commission électorale natinale indépendante (Céni) qui a duré plus de cinq heures, aura crédité le candidat de la coalistion Cap sur le changement (Cach) de plus de sept millions de suffrages, soit plus de 38% des voix.

L’émotion était grande dans la salle Apollinaire-Malumalu lorsque le président de la Céni a déclaré, de manière solennelle, Félix Tshisekedi vainqueur de la joute électorale après avoir égrainé le nombre des voix récoltées par chaque candidat à la présidence de la République. C’était après la lecture des résultats des législatives provinciales. Le fils Tshisekedi dépasse de près d’un million de voix son concurrent direct, Martin Fayulu, qui s’est pourtant tiré à bon compte avec plus de six millions des voix. Quant au candidat du Front commun pour le Congo, Emmanuel Ramazani Shadary, il s’est positionné à la troisième place, loin derrière les deux ténors de l’opposition avec près de quatre millions de voix, soit 23%. Le reste du peloton, constitué de ce que le commun des Congolais considère comme des menus fretins, a récolté des voix en deçà de un million, confirmant par là leur manque d’assise sociale et un déficit criant de popularité dans un scrutin au taux de participation fort réduit, soit 47%. 

Au quartier général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’euphorie a été totale. Elle avait même précédé, de quelques heures, l’annonce officielle des résultats. Ce qui avait surpris plus d’un. A Limete, les partisans de Félix Tshisekedi affirmaient avoir foi en leur propre centre de compilation des résultats qui, déjà, donnait leur leader gagnant. Débordant de joie, des jeunes gens hystériques se sont rués vers la résidence de Félix Tshisekedi à grand renfort des chants en son honneur. Journalistes, officiels, ambassadeurs et autres observateurs avaient littéralement envahi les lieux alors que la Céni s’attellait aux derniers réglages avant la grande annonce. Une ambiance qui a contrasté nettement avec la timidité observée au QG de Lamuka, sur les hauteurs de la Gombe. Là-bas,  l'abattement a été total comme si le sort était scellé d’avance. Un cadre de cette coalition politique, Fabrice Puela, est sorti de ses gongs pour soutenir, sans ambages, sur les ondes d’une radio locale, l’existence d’un deal qu’aurait conclu la coalition Cach avec le pouvoir kabiliste. Et d’alléguer que lui et les siens étaient au courant des pourparlers que les deux parties avaient engagés pour sacrifier sur l’autel de leurs intérêts mesquins, Martin Fayulu. 

Hommage appuyé au président sortant

 Les appréhensions de Lamuka s’étaient finalement avérées puisque son candidat n’était pas celui que les Congolais avaient choisi pour tenir, pendant les cinq prochaines années, les rennes du pays. Les premiers mots de l'heureux gagnant, prononcés aux alentours de 3 h du matin devant une foule des partisans, étaient ceux de remerciements à l’égard du sacrifice consenti par les pères de la démocratie que furent les pionniers de l'UDPS qui, au plus fort du règne mobutiste, avaient pris le risque de créer un deuxième parti politique. Félix Tshisekedi a loué le courage et la détermination ayant émaillé le combat politique des fameux « treize parlementaires » qui, aujourd’hui, vient d’atteindre son dénouement avec la première alternance démocratique que la RDC s’apprête à vivre. Il n’a pas manqué de rendre un hommage appuyé au président Joseph Kabila qu’il considère désormais comme un « partenaire politique » et non comme un adversaire. Il a, par ailleurs, déclaré qu’il ne sera pas le président d’un parti politique, encore moins d’une ethnie, tout en fustigeant la propension au triomphalisme de ses frères Luba qu’il invite à la modération, à l’humilité et à la paix avec les autres tribus. Félix Tshisekedi veut donc se forger une stature de rassembleur et invite ses principaux challengers dont Martin Fayulu à se joindre à lui pour œuvrer en synergie en faveur du développement de la RDC. Dans la foulée, il a annoncé pour imminent le retour de la dépouille de son défunt père, Etienne Tshisekedi, sous les applaudissements de l’assistance.  

Auparavant, son directeur de campagne, Vital Kamerhe, a indiqué que l’ascension de l’actuel leader de l'UDPS procède de la grâce divine. Il estime, en attendant la validation de son vote par la Cour constitutionnelle, que le plus dur commence car il s’agit de mettre en œuvre le grand projet de société dont Félix Tshisekedi est porteur. Aux premières heures de la matinée, le malheureux perdant, Martin Fayulu, est monté au créneau pour récuser le choix de Félix Tshisekedi le qualifiant d’un holdup électoral. 

Alain Diasso

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